Des Euros. / DADO RUVIC / REUTERS

Le gouvernement est « prudent » et « raisonnable » dans ses prévisions économiques pour le projet de budget 2018, estime le Haut Conseil des finances publiques. Avant d’émettre des réserves sur la réalisation des économies promises. C’est en substance ce que cet organisme indépendant créé en 2012 et placé auprès de la Cour des comptes indique dans un avis daté du 24 septembre.

Dans le projet de loi de finances pour 2018, présenté mercredi 27 septembre en conseil des ministres, l’exécutif table sur une croissance de 1,7 % du PIB pour chacune des deux années. Cette prévision est « prudente » pour 2017 et « raisonnable » pour 2018, estime le Haut Conseil. Ce qui ne l’empêche pas de considérer que le gouvernement est un peu trop « optimiste » quand il considère que l’appareil productif français sera capable de répondre à la progression soutenue du commerce mondial.

Quant aux prévisions d’emploi et de masse salariale pour 2017 et 2018 : « prudentes », se satisfait l’organisme. L’inflation ? Le projet de loi avance 1 % en 2017 et 1,1 % en 2018 : « raisonnable », là encore.

Quand il aborde la réduction du déficit public, le ton du Haut Conseil change. C’est trop lent, regrette-t-il. Le gouvernement prévoit – 2,9 points de PIB en 2017 et – 2,6 points de PIB en 2018. Mais, si l’on ne tient pas compte des dépenses conjoncturelles et des mesures exceptionnelles, l’ajustement dit « structurel » n’est que de 0,2 point pour 2017 et 0,1 point en 2018. Or, la norme européenne est de 0,5 point minimum.

« Les efforts doivent être mis en œuvre de manière rigoureuse »

L’organisme est d’autant plus circonspect qu’il considère qu’il sera difficile au gouvernement de tenir ses promesses en matières d’économies.

Certes, côté recettes, là aussi, les prévisions sont « prudentes ». Mais, côté dépenses, c’est une autre paire de manches : pour 2017, le Haut Conseil souligne que le gouvernement devra faire preuve d’« une grande vigilance » s’il veut respecter son objectif (une hausse limitée à 1,8 % en valeur et à 0,8 % en volume). Quant à 2018, l’objectif est encore plus ambitieux (1,6 % en valeur et 0,5 % en volume). Or, des « risques significatifs » pèsent sur la réalisation de ces économies, juge l’instance, même si elle salue le fait que les dépenses aient, pour partie, été mieux évaluées. Quels risques ? Les dépenses de Sécurité sociale augmentent et la baisse de celles des collectivités territoriales repose tout de même largement sur un « pari ».

Quant au projet de loi de programmation des finances publiques pour la période 2018-2022, le Haut Conseil se réjouit que le gouvernement Philippe ait réduit ses hypothèses de croissance par rapport aux textes financiers des dernières années. Mais, comme pour le PLF 2018, il estime que le rythme de réduction du déficit public sur cinq ans (0,3 point par an en moyenne) est trop « lent ». Même si, compte tenu des baisses d’impôt prévues, l’effort à fournir sera plus important qu’il y paraît.

Reste que la France est, derrière l’Espagne, le pays le plus endetté de la zone euro. Il ne faut donc pas lâcher la bride, rappelle le Haut Conseil. « Les efforts annoncés dans la loi de programmation doivent être mis en œuvre de manière rigoureuse », prévient-il.