Des Nigérians fuyant une île du lac Tchad par crainte de violences de Boko Haram. / WPF/ AFP

L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse le Cameroun d’avoir « renvoyé de force 100 000 Nigérians dans leur pays depuis janvier 2015 », alors qu’ils fuyaient les violences du groupe djihadiste Boko Haram. Dans un rapport de soixante pages publié mercredi 27 septembre, l’ONG de défense des droits de l’homme accuse Yaoundé d’avoir ainsi « violé le principe de non-refoulement, qui interdit le renvoi de réfugiés et de demandeurs d’asile vers des lieux où ils peuvent être persécutés ».

Human Rights Watch accuse également l’armée camerounaise d’avoir « torturé, agressé et exploité sexuellement des demandeurs d’asile nigérians dans des régions frontalières reculées ». D’autres réfugiés ont raconté à HRW que des enfants, « affaiblis après des mois ou des années passés dans les zones frontalières sans nourriture ni soins médicaux suffisants, étaient morts pendant ou immédiatement après le renvoi forcé » ou « séparés de leurs parents ».

« La torture et les mauvais traitements infligés par l’armée camerounaise aux réfugiés et demandeurs d’asile nigérians semblent être motivés par une décision arbitraire visant à les punir pour les attaques menées par Boko Haram au Cameroun. »

« Démenti formel et catégorique »

Le nord-est du Nigeria, épicentre de l’insurrection djihadiste de Boko Haram, souffre d’une grave crise humanitaire après des années d’un conflit qui a fait plus de 20 000 morts et 2,6 millions de déplacés. Combats entre armée nigériane et insurgés, embuscades et attentats-suicides restent quotidiens dans cette région désertique du lac Tchad, aux confins du Cameroun, du Tchad et du Niger.

Le HCR avait demandé l’an dernier aux pays voisins de ne renvoyer personne dans le nord-est du Nigeria « jusqu’à ce que la situation (...) se soit considérablement améliorée ».

Le Cameroun a vivement critiqué le rapport rendu par l’ONG. « Ce rapport ne repose sur rien », a réagi le porte-parole du gouvernement camerounais, Issa Tchiroma Bakary, y apportant « un démenti formel et catégorique »« Aussi longtemps qu’on n’aura pas pris un soldat en flagrant délit d’agression sexuelle, tout ça relèvera des fantasmes de Human Rights Watch », a-t-il conclu.