Acteur et réalisateur, Wu Jing incarne Leng Feng, le très patriote héros de « Wolf Warrior 2 ». | CAPTURE D’ÉCRAN WEB

Il a de l’humour, un grand cœur, le sens aigu du devoir et il sait se battre. Leng Feng, personnage principal de Wolf Warrior 2, sorti fin juillet en Chine, est un nouveau type de superhéros, individualiste, patriote et taillé à la mesure d’un pays qui étend désormais son influence bien au-delà de ses frontières. Le film de Wu Jing, qui incarne le rôle principal, est le plus grand succès de l’histoire du cinéma chinois. Depuis sa sortie, il a récolté 719 millions d’euros de recettes, dépassant de loin les autres blockbusters, chinois ou américains, de ces dernières années.

Leng Feng, le héros de Wolf Warrior 2, est un ex-membre des forces spéciales qui, après avoir fait de la prison en Chine pour s’être bagarré avec des policiers véreux, a refait sa vie dans un port africain. Il se retrouve pris dans la guerre civile qui plonge le pays dans la violence. Des rebelles africains ont engagé des mercenaires blancs cruels – dont l’ultime bad guy du film, joué par l’acteur américain Frank Grillo. Leng Feng, aidé par une charmante doctoresse sino-américaine, rejoint une usine chinoise dont les ouvriers, chinois et africains, sont menacés par les rebelles. Quand le gérant veut abandonner à leur sort les Africains, un élan de solidarité impulsé par Leng Feng et ses compagnons amène la petite communauté sino-africaine à faire front ensemble. Après des combats hauts en couleur, le Rambo chinois mène à bon port un convoi de survivants, en enroulant la bannière chinoise autour de son bras, tel un porte-drapeau humain.

La bande-annonce de « Wolf Warrior 2 »

WOLF WARRIOR 2 Trailer (2017) Action Movie
Durée : 02:01

Si cette intrigue a passionné les foules, c’est qu’au moins un million de ressortissants chinois vivent ou travaillent sur le continent africain, où Pékin a investi des dizaines de milliards de dollars dans la construction d’infrastructures et ouvert une première base navale, cet été, à Djibouti.

De la propagande détournée

Leng Feng est l’équivalent des personnages joués en leur temps par Sylvester Stallone ou Chuck Norris. Dans les pages du quotidien hongkongais South China Morning Post, l’éditorialiste Wang Xiangwei s’est même dit ravi de ce succès, s’avouant accro dans sa jeunesse à ces films qui exsudaient la « propagande de l’Américain sûr de lui et vertueux venant à bout du mal » à une époque où la « politique officielle chinoise voyait d’un mauvais œil les superhéros et encourageait les réalisateurs à louer les vertus du Parti communiste ».

Wolf Warrior 2 n’est pas un film de propagande officielle, mais son message est édifiant sur la manière dont la puissance chinoise se projette. Tout y passe : un pays membre du conseil de sécurité de l’ONU que l’on ne doit pas fâcher, mais qui peut se révéler bienveillant et généreux ; une nation qui évite toute ingérence dans les affaires du pays africain concerné (un des tenants de la politique extérieure de Pékin) ; une super-puissance qui déploie ses capacités militaires pour protéger ses ressortissants et ses intérêts économiques – la Chine a vécu comme un électrochoc l’évacuation de 35 000 de ses ressortissants de Libye en mars 2011, avec des bateaux de guerre chinois dépêchés en Méditerranée pour la première fois.

À la fin de Wolf Warrior 2 apparaît à l’écran le message qui figure sur tout passeport chinois : « Citoyens de la République populaire de Chine, n’abandonnez jamais quand vous êtes en danger à l’étranger, car la mère patrie qui est derrière vous est puissante. »