Pourquoi les Catalans souhaitent-ils être indépendants ?
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Au seuil d’un week-end qui s’annonce particulièrement tendu en Espagne, les militants favorables au référendum d’autodétermination catalan ont commencé à se mettre en ordre de bataille, vendredi 29 septembre. En dépit des menaces de sanctions, d’amendes, de perquisitions, et de mises en examen, les indépendantistes vont de l’avant dans l’organisation du scrutin interdit par Madrid.

Vendredi soir, à J-2, l’information circulait à vive allure sur les réseaux sociaux à l’attention des sympathisants de la cause. Des « comités de défense du référendum » se sont organisés à Barcelone, quartier par quartier, et ont distribué des consignes par le biais du réseau social Telegram, invitant notamment les militants à rester pacifiques avant tout. Un manuel de résistance pacifique circule également sur les réseaux sociaux.

Ecoles occupées

Au pouvoir dans cette région du Nord-Est depuis le début de 2016, les dirigeants séparatistes ont assuré qu’ils disposeraient dimanche de 2 315 bureaux de vote, dont 207 à Barcelone. Des militants ont d’ailleurs commencé à occuper des écoles qui doivent servir de bureaux de vote dimanche, afin d’éviter tout blocage par les forces de police.

La commission électorale établie en vue du scrutin a cependant été dissoute en raison du risque d’amende... Elle était de toute façon composée uniquement de séparatistes, ce qui la rendait difficilement crédible au regard des critères appliqués par les missions d’observation électorale.

Manifestation en faveur du référendum, vendredi 29 septembre à Barcelone. / SUSANA VERA / REUTERS

« Il n’y aura pas de référendum »

La situation promet donc de se tendre encore avant dimanche, dans cette région de 7,5 millions d’habitants, profondément divisés sur le sujet de l’indépendance. Car si une bonne moitié des Catalans ne souhaite pas l’indépendance, plus des deux tiers veulent un référendum légal.

« Les responsables (de ce référendum) se rendent coupables d’un acte de déloyauté très grave », a déploré vendredi le porte-parole du gouvernement espagnol, Inigo Mendez de Vigo, promettant qu’ils auraient à répondre de leurs actes devant la justice. « Il n’y aura pas de référendum », a encore martelé le représentant madrilène.

Pour bloquer ce scrutin, Madrid peut compter sur ses force de police. Le ministère de l’intérieur espagnol, qui coordonne le dispositif de sécurité, pourra s’appuyer sur les quelque 10 000 agents de la police nationale et de la garde civile envoyés en renfort dans la région pour le week-end.

Avant dimanche, les policiers, qui ont saisi depuis la mi-septembre des millions de bulletins de vote, espèrent toujours mettre la main sur les milliers d’urnes que les indépendantistes veulent utiliser pour ce référendum interdit par la Cour constitutionnelle. La justice a d’ailleurs ordonné mercredi à la police de fermer les locaux qui devraient accueillir des bureaux de vote, mais l’ordre de mise sous scellé est pour l’instant resté sans effet.

Les Mossos d’Esquadra en retrait

De son côté, la police régionale catalane – les Mossos d’Esquadra –, proche de la population, a annoncé vendredi soir qu’en cas d’occupation de bureaux de vote, elle ferait savoir aux organisateurs qu’ils ont l’obligation de quitter les lieux avant « dimanche à 6 heures du matin », préférant donc ne pas appliquer la manière forte d’office.

L’indépendantisme a progressé de façon exponentielle depuis la crise économique de 2008 et surtout après la décision de la Cour constitutionnelle en 2010 de retoquer le statut d’autonomie de la Catalogne à la suite d’un recours du Parti populaire (conservateur, au pouvoir) de Mariano Rajoy.

En septembre 2015, les indépendantistes ont obtenu la majorité des sièges au parlement régional, avec 47,6% des voix. Mais le dernier sondage commandé par le gouvernement indépendantiste, publié en juillet, montre que les adversaires de l’indépendance sont plus nombreux que ses partisans (49,4% contre 41,1%). Les anti-indépendantistes ont donné pour consigne de ne pas voter.