LES CHOIX DE LA MATINALE

Au programme ce week-end : l’artiste Fred Deux à Lyon ; Marie Molliens et le cirque Rasposo à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) ; des marionnettes venues de l’île de Java à Aubervilliers ; « Tiefland », une rareté lyrique allemande à Toulouse ; le rendez-vous danse des Plateaux à Vitry-sur-Seine ; des contes à foison avec les festivals Rumeurs urbaines (Ile-de-France) et Amies Voix (Loir-et-Cher) ; un week-end portes ouvertes à la Monnaie de Paris.

EXPOSITION. Les singularités de Fred Deux, à Lyon

« Quand la lune boit de l’eau » (2010), de Fred Deux (détail), mine de plomb et encres. / GALERIE ALAIN MARGARON

Par l’écriture, sous le pseudonyme de Jean Douassot, auteur en 1958 d’une sorte d’autobiographie, La Gana, et par le dessin le reste du temps, Fred Deux (1924-2015) est cet individu singulier et isolé qui, dans la seconde moitié du XXe siècle, pratique l’introspection des profondeurs physiques et psychiques. Il est simultanément le corps et l’anatomiste, l’inconscient et l’analyste. Son œuvre, marquée par la recherche par l’encre ou le graphite sur le papier de la transcription visuelle la plus juste de « l’intérieur » organique, la surprise quand ce phénomène se produit, l’obsession de la naissance et celle, symétrique, de la mort, n’est pas d’un abord facile. Il faut du temps pour y entrer. Elle n’est pas de l’ordre de la contemplation mais de la mise à l’épreuve de soi-même. En lui consacrant une rétrospective, réunissant quelque deux cents dessins et livres uniques, dont beaucoup peu ou pas montrés jusqu’ici, le Musée des Beaux-Arts de Lyon assume la fonction que les musées, aujourd’hui, par commodité, préfèrent esquiver : faire découvrir un artiste encore peu connu, révéler et convaincre – ce qui est plus difficile que répéter et commémorer. Philippe Dagen

« Le Monde de Fred Deux », Musée des Beaux-Arts, 20, place des Terreaux, Lyon. Du mercredi au lundi de 10 heures à 18 heures. Tarifs : de 4 € à 8 €. Jusqu’au 8 janvier 2018.

CIRQUE. Marie Molliens et sa « Dévorée », à Chalon-sur-Saône

« La Dévorée », un spectacle de et avec Marie Molliens. / LAURE VILLAIN / CIRQUE RASPOSO

Elle a osé. Elle a bien fait. En décidant de s’attaquer au mythe de Penthésilée, la reine des amazones, dans son spectacle La Dévorée, l’artiste de cirque et metteuse en scène Marie Molliens, du cirque Rasposo, s’est risquée sur un chemin thématique audacieux qu’elle trace en employant les moyens du cirque. Elle convoque les techniques de l’acrobatie, de la voltige, du trapèze et du fil pour raconter et décaler ce rapport conflictuel et cruel de Penthésilée avec les hommes. Elle distingue aussi la figure de la femme de cirque aussi belle et forte qu’une idole sur son socle tournant. En compagnie de quatre partenaires acrobates et acteurs, tous de haute intensité, soutenue par la charge musicale rock de la chanteuse et guitariste Françoise Pierret et de deux musiciens, Marie Molliens affirme la puissance des arts de la piste pour tout raconter. Sous le petit chapiteau de Rasposo, entre sang et paillettes, un élan de passion irréversible assumé jusqu’au bout. Rosita Boisseau

« La Dévorée », de Marie Molliens (cirque Rasposo). En tournée, vendredi 29 septembre, Espace des Arts, Scène nationale, Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Tél. : 03-85-42-52-12. Puis du 19 au 21 octobre, festival Furies, Châlons-en-Champagne.

MARIONNETTES. Le « wayang golek » de l’île de Java au Festival de l’imaginaire, à Aubervilliers

Wayang Golek || '' Ibing Maktal '' || Dadan Sunandar Sunarya - Putra Giri Harja 3
Durée : 03:13

Spécialisé dans les traditions et cultures du monde, le Festival de l’imaginaire, jusqu’au 22 décembre, ouvre chaque année ses portes à des pratiques artistiques rarement montrées en France. C’est le cas avec le wayang golek sundanais (venant du pays sunda, situé à l’ouest de l’île de Java, en Indonésie) accueilli pour trois représentations exceptionnelles à Aubervilliers, dans le foyer du Théâtre équestre Zingaro, le temps d’un week-end. Il s’agit d’un théâtre de marionnettes très populaire en Indonésie : il repose sur un unique artiste, le dalang, qui manipule à lui seul toutes les marionnettes en bois avec des tiges ; il est accompagné par le gamelan, un instrument collectif en bronze, dont jouent à tour de rôle une quinzaine de musiciens interprètes. Le dalang Dadan Sunandar Sunarya, né en 1975, s’est exercé à l’art de la manipulation de ces marionnettes auprès de son père et de son grand-père, deux marionnettistes de renom sur l’île de Java. Il est accompagné par sa troupe d’une quinzaine de chanteurs et musiciens, la compagnie Putra Giri Harja 3. Les représentations du wayang golek font partie intégrante de cérémonies familiales ou de fêtes de villages, elles peuvent durer toute une nuit et sont des moments festifs de convivialité dans la vie quotidienne des villageois. Cristina Marino

Le « walang golek » du pays sunda, par Dadan Sunandar Sunarya (marionnettiste « dalang », manipulation et narration, chant) et la compagnie Putra Giri Harja 3 (« gamelan », chants, gongs, tambours, etc.). Foyer du Théâtre équestre Zingaro, 176, avenue Jean-Jaurès, 93300 Aubervilliers. Tél. : 01-45-44-72-30. Les vendredi 29 et samedi 30 septembre à 20 h 30 et le dimanche 1er octobre à 17 heures, dans le cadre du Festival de l’imaginaire.

OPÉRA. « Tiefland », une rareté lyrique allemande au Théâtre du Capitole, à Toulouse

Affiche (détail) de l’opéra d’Eugen d’Albert, « Tiefland », au Théâtre du Capitole, à Toulouse. / THÉÂTRE DU CAPITOLE

Maria Callas le chanta à ses débuts dans les années 1940 à Athènes : et pourtant l’opéra d’Eugen d’Albert, Tiefland (littéralement « Bas-fonds ») est resté une rareté, voire une incongruité. C’est en effet avec un scénario tiré de Tiefland que Leni Riefenstahl réalisa en pleine guerre, après un casting de figurants effectué dans les camps, un film présenté en 1954 au Festival de Cannes, hors compétition. L’histoire, qui se déroule dans les Pyrénées, en Catalogne, met aux prises un simple berger et son orgueilleux maître, lequel le forcera à épouser sa propre maîtresse, Marta, pour mieux la garder à merci. Mais les deux jeunes gens finiront par s’aimer… La régie de Walter Sutcliffe et la direction de Claus Peter Flor devraient rendre justice à cette musique qui emprunte autant à Wagner qu’à l’opéra vériste italien, d’autant que les protagonistes sont de premier ordre, le ténor autrichien Nikolaï Schukoff et le baryton allemand Markus Brück s’affronteront avec passion pour l’amour de la belle Marta, dont la soprano américaine Meagan Miller, wagnérienne et straussienne déjà connue hors de nos frontières, incarnera le rôle dramatique. Marie-Aude Roux

Théâtre du Capitole, à Toulouse (Haute-Garonne). Du 29 septembre au 8 octobre. Tél. : 05-61-63-13-13. Tarifs : de 20,50 € à 105 €.

DANSE. Le rendez-vous public et professionnel des Plateaux, à Vitry-sur-Seine

« Cabine d’essayage », un spectacle de et avec Jessica Noita. / LES PLATEAUX

Intitulé Les Plateaux, ce rendez-vous chorégraphique piloté par La Briqueterie, située à Vitry-sur-Seine, croise le marché pour professionnels et le festival pour le public. Pendant trois jours, du 28 au 30 septembre, une quinzaine de compagnies françaises et étrangères venues de Belgique, du Brésil, du Canada, de Norvège ou du Portugal, présentent leurs spectacles et il y en a pour tous les goûts. Les pièces sont programmées en salle mais aussi in situ, en plein air. Samedi 30 septembre, on peut ainsi enchaîner, à partir de 14 h 30, Cabine d’essayage, de Jessica Noita sur les multiples costumes de l’identité, MonoLOG, de Samuel Lefeuvre, autour de Twin Peaks ou Boléro revu par Jesus Rubio Gamo. Une plate-forme de la danse ouverte à tous qui opère dans deux lieux de Vitry-sur-Seine : La Briqueterie et le Théâtre Jean Vilar. R. Bu

Les Plateaux, à La Briqueterie, 17, rue Robert-Degert, Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Du 28 au 30 septembre. Tél. : 01-46-86-17-61. Tarifs : de 6 € à 12 € ; pour la journée : 15 €.

FESTIVALS. La parole à l’honneur avec Rumeurs urbaines en Ile-de-France et Amies Voix dans le Loir-et-Cher

Rumeurs urbaines, festival du conte et des arts du récit, en Ile-de-France et Amies Voix, festival de contes, dans le Loir-et-Cher. / MONTAGE LE MONDE

Deux grands rendez-vous pour les amateurs de contes commencent ce week-end : les Rumeurs urbaines, qui, pour fêter leurs 18 ans, s’étendent, du 28 septembre au 27 octobre, au département des Yvelines (à Mantes-la-Jolie et à Houilles), en plus des Hauts-de-Seine et du Val-d’Oise, et les Amies Voix, qui atteignent leur 17e édition et investissent, du 29 septembre au 28 octobre, les bibliothèques du réseau départemental de lecture publique dans le Loir-et-Cher.

Côté Rumeurs urbaines, ce sont près d’une quarantaine de spectacles qui sont programmés sous la direction artistique de Rachid Akbal (compagnie Le Temps de vivre), et plusieurs événements : une soirée spéciale légendes urbaines entre Mantes-la-Jolie et Brazzaville (Congo) au Collectif 12 à Mantes-la-Jolie, le 7 octobre ; une Nuit du conte au Tapis rouge à Colombes, le 14 octobre ; une journée professionnelle en partenariat avec la Maison du conte de Chevilly-Larue au théâtre Le Hublot à Colombes, le 5 octobre ; une journée destinée aux enfants et aux familles à La Graineterie à Houilles, le 14 octobre. Côté Amies Voix, dix spectacles sont à l’affiche de la programmation du « in », intitulée « Contre vents et marées » et conçue pour la deuxième année consécutive par Maud Thullier (association MusicOconte) et Frida Morrone (compagnie Astolfo sulla Luna), et de nombreuses animations autour du conte sont prévus dans le cadre du « off ». De quoi occuper les longues soirées d’automne et faire le plein d’histoires. C. Mo.

Rumeurs urbaines, dans les départements des Hauts-de-Seine, du Val-d’Oise et des Yvelines, du 28 septembre au 27 octobre, tarifs en fonction des spectacles, et Amies Voix, dans les bibliothèques du Loir-et-Cher, du 29 septembre au 28 octobre, entrée libre mais réservation recommandée.

MUSÉE. La Monnaie de Paris brille comme un sou neuf

Le salon d’honneur de la Monnaie de Paris. / GILLES TARGAT / MONNAIE DE PARIS

La Monnaie de Paris est la dernière usine en activité dans la capitale. Longtemps fermée au public, confidentialité oblige, l’ancienne manufacture royale chargée de battre monnaie ouvre aujourd’hui largement ses portes après avoir été restaurée. Ce week-end, l’entrée au musée est gratuite et permettra en outre de découvrir les fastes du site, qui s’étend sur 1,2 hectare dans le 6e arrondissement de Paris, au bord de la Seine, avec son architecture frappante des XVIIe et XVIIIe siècles et ses plafonds ornés, ses cours intérieures et son impressionnant escalier d’honneur. Le musée nouvelle formule donne à voir les ateliers d’art où près de 150 artisans travaillent, ainsi que les collections patrimoniales, médailles, pièces anciennes et trésors numismatiques. Claire Guillot

11, quai Conti – Monnaie de Paris. Du mardi au dimanche de 11 heures à 19 heures. Gratuit les samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre. Trois accès piétons : 11, quai de Conti ; 2, rue Guénégaud ; 3, impasse Conti, Paris 6e.