Des militants déguisés à l’effigie de Vladimir Poutine et Gerhard Schröder ont manifesté, vendredi, devant la porte de Brandenburg à Berlin,  pour protester contre la nomination de l’ancien chancelier à la tête du conseil d’administration de la principale entreprise pétrolière russe. / BRITTA PEDERSEN / AFP

Les actionnaires du géant pétrolier semi-public Rosneft ont élu, vendredi 29 août, l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder à la tête du conseil d’administration du groupe.

« Je suis heureux d’avoir été élu non seulement membre du conseil d’administration, mais aussi président » de cette instance, a annoncé M. Schröder à l’issue de l’assemblée générale. « Je suis persuadé que de bonnes relations avec la Russie sont dans l’intérêt de l’Allemagne. »

Son entrée au conseil d’administration « va contribuer à développer nos activités internationales (…) à lier des relations avec des partenaires en affaires, à stimuler les liens entre nos pays », a expliqué le directeur général de Rosneft, Igor Setchine, avant le vote.

Entreprise sous sanction de l’Occident

Après avoir grossi sur les ruines de Ioukos – le groupe, démantelé par la justice, de l’opposant Mikhaïl Khodorkovski –, Rosneft a connu une croissance considérable depuis quinze ans jusqu’à devenir l’un des plus gros producteurs d’hydrocarbures dans le monde.

Contrôlé à 50 % par l’Etat russe, il est dirigé par un très influent proche de Vladimir Poutine. Rosneft fait partie des sociétés sanctionnées par les Occidentaux en raison de la crise ukrainienne.

Le gouvernement russe avait proposé que l’ancien chancelier allemand Gerhard Schröder (de 1998 à 2005) soit nommé administrateur indépendant de Rosneft dans un décret à la mi-août. Son nom figurait parmi une liste de six autres qui a été soumise au vote des actionnaires réunis en assemblée générale.

Critiques de Merkel et Schulz

Ami de longue date du président russe, Vladimir Poutine, M. Schröder, âgé de 73 ans, est également à la tête du comité d’actionnaires de la société qui exploite le gazoduc Nord Stream, qui distribue le gaz russe à l’Allemagne via la mer Baltique, et qui est sous contrôle du géant gazier russe Gazprom.

L’ancien chancelier avait été vivement critiqué par son successeur à la chancellerie, Angela Merkel. « Je trouve que ce que fait M. Schröder n’est pas bien, chez Rosneft du moins », a-t-elle dit lors d’un entretien au journal populaire allemand Bild.

Le chef de file du parti social-démocrate de Schröder, Martin Schulz, avait émis la même critique. « Je ne le ferais pas », avait-il déclaré en août au sujet de la proposition faite par le gouvernement russe à M. Schröder. « Pour moi, c’est clair : après avoir été chancelier, je ne travaillerais pas dans le secteur privé », avait-il assuré.