« La Nymphe fluide », 2017 (avec STIJL), acrylique et huile sur toile, 100 x 140 cm. / COURTESY GALERIE LOUIS CARRÉ & CIE

Tout déconcerte dans les toiles de François Boisrond. Il y a la manière, un clair-obscur pointilliste qui floute les lignes et suscite des lumières à la ­Vermeer ou à la Caravage. Il y a les sujets. Des jeunes femmes en uniforme, casquées tels des dragons ou coiffées de casquette ou de képi, le buste pris dans une cuirasse ou une veste écarlate aux nombreux galons, tiennent à la main, non des piques ou des sabres, mais des taille-haies ou des tondeuses à gazon électriques parfaitement modernes. Certaines participent à des interrogatoires ou des conciliabules muets. D’autres encore, costumées en hussard, promènent une vache ou un âne. Lesquels se retrouvent dans une vaste nativité en noir et blanc pour laquelle l’artiste a transformé son atelier en plateau de tournage avec bêtes donc, ­nouveau-né, bottes de paille, mais aussi détecteur de métaux, échafaudages et foule de militaires.

Ces extravagances exigent un processus méthodique : pose, éclairage calculé, photographie numérique, traitement par ordinateur et, pour finir, passage de l’écran à la toile. Né dans le monde du cinéma, Boisrond est un artiste de maintenant, du temps où il est devenu possible de fabriquer ­n’importe quelle image, y compris la plus fausse, et de lui donner un air de réalité et une fascinante splendeur. Cette peinture post-cinématographique est donc très actuelle.

« Au rapport », Galerie Louis Carré & Cie, 10, avenue de Messine, Paris 8e. Tél. : 01-45- 62-57-07. Du mardi au vendredi de 10 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 h 30. Lundi et samedi, de 14 heures à 18 h 30. Jusqu’au 21 octobre.