Session de sport santé à Strasbourg. / Fédération française d'athlétisme

Six mois après l’entrée en vigueur du décret d’application de la loi dite « Sport sur ordonnance », rares sont les médecins à s’être emparés du dispositif. La prescription d’une pratique sportive adaptée à la pathologie d’un patient atteint d’une affection de longue durée est, en effet, jugée complexe et chronophage par les praticiens.

Un constat décevant pour les promoteurs de la loi, qui avaient mis en avant en 2015 les bienfaits d’une pratique sportive régulière sur la santé, tant d’un point de vue préventif que curatif.

Pour mettre un terme à cet immobilisme, Michel Cadot, préfet de la région Ile-de-France, et Christophe Devys, directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) francilienne, signaient, mercredi 27 septembre à Paris, un nouveau plan « Sport, santé, bien-être », doté d’un budget de 1,6 million d’euros.

Ce plan entend lutter contre deux fléaux : le nombre croissant de personnes atteintes de pathologies chroniques et l’augmentation des inégalités de santé dans les zones défavorisées. Concrètement, les Franciliens ne disposent pas du même temps libre pour pratiquer une activité physique selon qu’ils ont trente minutes ou trois heures de transport quotidien, selon qu’ils ont un métier à horaires contraints ou non, ou selon leur culture. « Les femmes rencontrées, lors des consultations préalables dans les quartiers populaires, ont, en priorité, demandé de convaincre les hommes de l’intérêt qu’elles avaient à pratiquer une activité physique, même lorsqu’elles avaient eu des enfants », cite ainsi, en exemple, Laurent de Lamarre, à la tête de la direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) d’Ile-de-France.

Baptisée « Prescri’forme », la mesure vise à faciliter la prescription de sport par les médecins traitants, en mettant à leur disposition un site Internet référençant les 600 centres (pour l’instant) médico-sportifs homologués « santé sport », les associations sportives agréées et les sites de pratique sportive autonomes. Ils disposeront aussi d’un carnet de suivi pour leurs patients.

Les éducateurs sportifs et les associations seront sensibilisés à l’accueil d’un nouveau public, plus âgé, moins compétiteur et pouvant nécessiter des pratiques adaptées à leur pathologie.

Direction générale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale pour favoriser la pratique du sport santé. / DRJSCS

Cinq fédérations sportives sont partenaires – athlétisme, aviron, natation, sports pour tous, et l’Union nationale du sport scolaire (UNSS), avec le soutien de la Mutualité française, qui fédère la quasi-totalité des mutuelles de France. Par ailleurs, les ateliers activités physiques actuellement organisés dans les grands centres hospitaliers comme La Pitié-Salpêtrière, à Paris, sont appelés à se multiplier.

« Le médecin a la confiance du patient »

Le plan quadriennal sera mis en place progressivement à partir de janvier 2018. Il reste donc trois mois pour convaincre. En premier lieu, les dirigeants de clubs ou d’associations sportives, qui peinent déjà à trouver des créneaux disponibles dans les stades et les gymnases – l’Ile-de-France est la région la moins bien dotée en équipement.

Convaincre ensuite les médecins, non pas des vertus thérapeutiques du sport, qu’ils connaissent, mais de la place qu’ils doivent prendre dans ce dispositif. Sans l’action des généralistes, rien n’est en effet possible à grande échelle, estime le docteur Pierre Billard, 39 ans, auteur de sa thèse de doctorat sur La Promotion de l’activité physique par les médecins généralistes et exerçant dans le Val-de-Marne. « Le médecin a l’impact et la confiance du patient. Il est un des rares à pouvoir impulser un changement de comportement », explique-t-il.