Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, à Ankara, le 28 septembre. / AP

En visite à Ankara, jeudi 28 septembre, pour quelques heures à peine, le temps d’un dîner, le président russe, Vladimir Poutine, a confirmé sa volonté et celle de son « ami », le chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, de concrétiser les accords conclus à Astana (Kazakhstan) avec l’Iran sur la création en Syrie de « quatre zones de désescalade, dont la plus grosse à Idlib ».

Située au nord-ouest du pays, la région d’Idlib, où vivent près de deux millions de personnes, est actuellement sous le contrôle du groupe rebelle Hayat Tahrir Al-Cham, une émanation d’Al-Qaida. Cible de bombardements intensifs de l’aviation russe ces derniers jours, la région a vu la mort de 150 civils et la destruction de plusieurs hôpitaux, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

D’où l’irritation du gouvernement turc. « Si ces bombardements aveugles continuent, Idlib va devenir comme Alep avec le risque de créer une nouvelle vague de réfugiés », a déclaré le ministre turc des affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, lundi 25 septembre. Comme la région syrienne d’Idlib jouxte la province turque du Hatay, Ankara, qui héberge déjà plus de 3 millions de réfugiés du conflit syrien, redoute un nouvel afflux.

La visite éclair du maître du Kremlin se voulait rassurante. « Malgré les difficultés, nous sommes parvenus à un résultat positif. Ces accords sont notre succès commun », a souligné Vladimir Poutine jeudi soir lors de la conférence de presse.

Des obstacles subsistent

Moscou et Ankara sont convenus de créer une « zone tampon » sur une profondeur de 35 kilomètres à l’intérieur de la province syrienne. La Turquie a déjà positionné des troupes au Hatay dans ce but. Mi-septembre, Recep Tayyip Erdogan a confirmé que son armée serait déployée dans la province d’Idlib, tandis que la Russie s’occuperait du pourtour.

Les 14 et 15 septembre à Astana, où se sont tenues les négociations tripartites (Russie, Iran, Turquie) sur la création de quatre « zones de désescalade » en Syrie, le chef de la délégation russe, Alexandre Lavrentiev, avait expliqué que 1 500 « observateurs » seraient envoyés par les trois « Etats garants » à Idlib, Moscou souhaitant déployer sa police militaire plutôt que des soldats.

Aucun document n’a été diffusé à l’issue de la réunion d’Astana, sinon un vague communiqué. Visiblement, des obstacles subsistent, notamment à propos du rôle que l’Iran sera appelé à jouer dans le processus. Des représentants de l’opposition anti-Bachar Al-Assad présents à Astana ont des réserves sur ce point. Poutine compte sur Erdogan pour briser les réticences des rebelles syriens alliés de la Turquie.

C’est pour parler d’Idlib et du rôle de l’Iran dans la « désescalade » en Syrie que le numéro un turc et son chef d’état-major, Hulusi Akar, se rendront à Téhéran, mercredi 4 octobre. Il sera aussi question du référendum sur l’indépendance du Kurdistan irakien, survenu lundi 25 septembre, que l’Iran et la Turquie condamnent avec la même force, ce qui contribue à les rapprocher.