En dépit de l’annonce du préfet de région, lundi, de l’ouverture d’un nouveau centre pour migrants ce dimanche 1er octobre en Ile-de-France, ces derniers passeront encore leur journée et leur nuit dehors. Pas loin d’un millier continueront à camper sur les trottoirs du boulevard de la Villette, où ils attendent d’enregistrer leur demande d’asile - ou de jouer à cache-cache dans le nord est de la capitale avec les policiers qui les chassent continuellement.

Lundi 25, pourtant, à la préfecture d’Ile-de-France, le préfet de région, Michel Cadot, avait fait une annonce remarquée lors de sa conférence de rentrée :

« Nous avons mis en place un lieu de pré-orientation (…) pour le 1er octobre dans un département de la région Ile-de-France qui sera suivi dans les prochaines semaines, sans doute au début de la période hivernale, d’un deuxième centre dans Paris intra-muros. »

France bleu Paris a même fait préciser le sujet au préfet, ce qui a permis à la radio de rapporter sur ses ondes que « ces centres sont destinés à éviter la saturation de celui de la porte de la Chapelle à Paris ». Ce dernier, ouvert par la maire de Paris et qui propose 400 places s’est en effet vite trouvé engorgé car l’Etat ne le vide pas suffisamment rapidement, faute de volonté politique ; mais aussi pour démontrer à la Ville de Paris que son système ne fonctionne pas.

Une annonce précipitée ?

A l’issue de la conférence de presse de lundi, France bleu Paris précisait que :

« Le premier de ces trois nouveaux centres ouvrira en grande banlieue le 1er octobre, sans que l’on sache précisément dans quelle ville. Le deuxième centre sera installé à Paris avant le mois de décembre. Enfin, le troisième prendra place avant le 1er janvier 2018 en région parisienne. Les trois centres disposeront chacun d’une capacité de 200 places. Les bénéficiaires devraient alors avoir accès à un examen de leur situation administrative, médicale et sociale, avant d’être répartis en fonction de leurs besoins. »

Depuis, c’est silence radio. La préfecture de région n’a pas donné suite aux précisions demandées par Le Monde. Vendredi, le service presse expliquait que « le préfet n’avait jamais annoncé de date d’ouverture du centre de mise à l’abri » et précisait que « son ouverture sera effective dans les prochaines semaines ».

Après enquête, la préfecture de région, pressée par le ministère de l’intérieur d’ouvrir ce centre, s’est avancée un peu rapidement. Si elle dispose bien du lieu, en revanche elle n’a pas réussi à trouver l’opérateur qui fera les maraudes et devra « trier » les migrants pour savoir quel sera le centre approprié pour chacun.

L’annonce d’Emmanuel Macron, en juillet à Orléans qu’il ne souhaitait plus voir « personne dans les rues » d’ici la fin de l’année ne sera pas synonyme de mise à l’abri sans condition, mais il s’assortira d’un tri qui permettra aux demandeurs d’asile de déposer leur dossier plus rapidement, et tentera le renvoi pour les déboutés de l’asile et pour les « dublinés » (ces demandeurs d’asile qui sont passés dans un autre pays d’Europe avant d’arriver en France et qui peuvent y être renvoyés au nom du règlement dit de Dublin, et qui sont de plus en plus souvent mis automatiquement en rétention). Reste à voir comment le système va s’organiser. Et là, la préfecture de région ne répond plus. Ni le ministère de l’intérieur.