Documentaire sur Arte à 16 h 50

Dries Official Trailer 2017
Durée : 01:27

Dries Van Noten s’interroge. « Mais qu’est-ce que c’est que ce film ? ! », s’esclaffe-t-il lorsque Reiner Holzemer lui demande comment il est tombé amoureux de son partenaire de trente ans. C’est que le créateur, réputé discret et réservé, n’a pas l’habitude d’une telle au­dace. Sur une période d’un an, le styliste belge a néanmoins accepté d’être suivi par la caméra du réalisateur allemand. Un document rare, sensible, léché, sans être esthétisant, à l’image de celui qui, depuis près de trois décennies, brille au firmament de la mode où il occupe une place unique, à bien des égards.

Dans cet univers de création, considérée désormais comme un produit, Dries Van Noten demeure un artisan qui continue, collection après collection, à provoquer de l’émotion. A l’heure de la « fast fashion », il refuse de faire un vêtement dont on se lasse vite, cherchant plutôt à en créer un capable d’évoluer avec celui qui le porte. Tandis que des méga-groupes dominent le secteur, il a réussi à préserver son indépendance, tout en se développant à travers le monde. Une situation qui lui permet une totale liberté. Mais qui a aussi ses inconvénients : « Personne ne nous dit quand on va trop loin », confie-t-il. Ce qui aurait été nécessaire notamment pour sa collection inspirée d’une exposition Francis ­Bacon, à Londres, l’un de ses plus grands échecs commerciaux.

Dries Van Noten avec le modèle Sylvia van der Klooster (collection-été 2016). / © Reiner Holzemer

Reiner Holzemer a suivi Dries Van Noten à différentes étapes de son processus créatif, resté le même depuis les débuts de ce ­Flamand de bientôt 60 ans qui forma, à l’aube des années 1980, le fameux groupe des « six d’Anvers » avec Walter Van Beirendonck, Ann Demeulemeester, Dirk Van Saene, Dirk Bikkembergs et Marina Yee.

Dries Van Noten part d’une personne qu’il a en tête, trouve les matières susceptibles de pouvoir raconter son histoire. On le voit d’ailleurs confronter les tissus, opposer les motifs pour apporter des contrastes et « surprendre les gens ». On assiste aussi à la façon dont, à la fin, il procède pour « tuer ses propres enfants » et garder la soixantaine de créations – sur les 150 imaginées – qui défileront.

Reiner Holzemer a fait le voyage en Inde, dans l’atelier de broderies avec lequel Dries Van Noten travaille depuis toujours. Ce dernier a ouvert les portes de sa propriété de Ringenhof, où il puise énergie et inspiration. On le voit composer un bouquet en fonction de la couleur d’un fauteuil près duquel il va être posé. Chez cet homme à l’apparence placide et qui avoue réfléchir sans cesse, chaque détail compte.

Dries Van Noten. Le maître flamand de la mode, de Reiner Holzemer (All., 2017, 52 min).