Selon une étude du centre de recherche Pew Research, les électeurs républicains et démocrates trouvent quelques terrains d’entente sur certaines questions relatives aux armes à feu aux Etats-Unis. / John Locher / AP

Comme après chaque tuerie de masse, les Etats-Unis s’interrogent sur la « routine » des fusillades meurtrières. En décembre 2012, les larmes du président Barack Obama évoquant la tuerie de Sandy Hook (28 morts) n’avaient pas réussi à faire évoluer le débat. Le sit-in des élus démocrates de la Chambre des représentants, en juin 2016, dix jours après la tuerie du Pulse à Orlando (49 morts), pour protester contre le refus de la majorité républicaine de voter des restrictions sur les armes à feu, n’avait pas plus porté ses fruits.

Lundi 2 octobre, au lendemain de la fusillade qui a fait au moins 58 morts et 515 blessés à Las Vegas, l’Association nationale des détenteurs d’armes, la National Rifle Association (NRA), ne s’est toujours pas exprimée. Mais Hillary Clinton a appelé ce matin à « tenir tête » au puissant lobby des armes. De leur côté, les élus du Parti démocrate réclament un « changement ». La sénatrice démocrate du Massachusetts, Elizabeth Warren, a lancé sur Twitter : « Les pensées et les prières ne suffisent pas. Surtout quand des parents vont devoir enterrer leurs enfants et quand des enfants vont devoir grandir sans leurs parents. »

La sénatrice démocrate de l’Etat de New York, Kirsten Gillibrand, abonde : « Cette violence insensée doit cesser. Les pensées et les prières ne suffisent plus. Nous devons réagir pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus. »

Cory Booker, sénateur démocrate du New Jersey, affirme que les Etats-Unis ne doivent plus rester « impuissants face à ce mal. Nous devons prendre des mesures de bon sens, largement soutenues, pour réduire cette violence, cette douleur et cette perte atroce ».

Nancy Pelosi, la chef de file de la minorité démocrate à la Chambre des représentants, en appelle au républicain Paul Ryan, qui préside la Chambre, lui demandant de constituer une commission sur les violences commises par armes à feu. « Le Congrès a le devoir moral de régler cette épidémie horrible et désolante. »

Chris Murphy, sénateur démocrate du Connecticut (Etat dans lequel s’était déroulée la tuerie de Sandy Hook en décembre 2012), s’en est pris à ses collègues du Congrès, leur demandant littéralement de « bouger leur cul ». Dans un Tweet, il lance : « Ces tueries ne s’arrêteront pas si on ne fait rien pour les arrêter. »

Trop tôt pour débattre sur les armes, selon la Maison Blanche

Mais la volonté de débattre des élus démocrates devrait rester lettre morte. Dans une brève allocution, Donald Trump s’est contenté de dénoncer « le mal absolu » que représente cette tuerie et a demandé au pays de s’unir et de prier. Il ne s’est en revanche pas avancé sur la question de la possession des armes, garantie par le deuxième amendement de la Constitution américaine, une disposition qu’il a défendue avec vigueur lors de sa campagne électorale, la NRA lui ayant apporté son soutien.

En guise de réponse, les élus démocrates devront se contenter de celle de Sarah Huckabee Sanders, porte-parole de la présidence américaine :

« Aujourd’hui, nous devons consoler les survivants et pleurer ceux que nous avons perdus. Il serait prématuré pour nous de discuter de politique alors que nous ne connaissons pas tous les faits qui se sont produits hier soir. »

La porte-parole a aussi pris à parti l’adversaire de Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016 : « Il est facile pour Mme Clinton de critiquer. Mais il faut rappeler que la seule personne qui a du sang sur les mains est le tireur. Ce n’est pas le moment de s’en prendre à des individus ou à des organisations. »

Selon une étude du centre de recherche Pew Research, les électeurs républicains et démocrates trouvent des terrains d’entente sur certaines questions relatives aux armes à feu aux Etats-Unis. Ils soutiennent, dans leur grande majorité, l’interdiction des ventes d’armes aux personnes atteintes de troubles mentaux et l’interdiction d’acheter des armes à feu pour les personnes placées sur listes de surveillance et interdites de vol. Ils sont aussi favorables au contrôle des antécédents pour les ventes d’armes lors des foires.