Dimanche 1er octobre, des coups de feu ont été tirés lors d’un festival de country organisé en plein air sur une des principales avenues de la ville. Il s’agit de la tuerie la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis depuis vingt-cinq ans. / Chase Stevens / AP

L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué, lundi 2 octobre, par l’intermédiaire de son agence de propagande Aamaq, la fusillade de Las Vegas, qui a fait au moins 58 morts et plus de 500 blessés.

Cette agence, qui porte aujourd’hui la parole en plusieurs langues et l’image de l’EI, a utilisé sa phraséologie habituelle, évoquant, à propos de Stephen Paddock, l’auteur de cette fusillade, « un soldat de l’EI qui a répondu aux appels à viser des citoyens des Etats de la coalition qui combat l’Etat islamique ».

L’agence Aamaq a publié, quelques minutes plus tard, un second communiqué dans lequel elle a précisé – chose inhabituelle – que l’auteur de l’opération « s’[étai]t converti à l’islam il y a quelques mois ». La police fédérale américaine (FBI) a toutefois déclaré qu’elle ne disposait pas, « jusqu’à présent », d’éléments permettant d’établir un lien avec une organisation terroriste.

A ce stade, il faut bien entendu se montrer prudent. Un échange, même bref, entre une personne qui souhaite perpétrer une attaque (quelles que soient ses motivations) et un activiste de l’EI sur les réseaux sociaux est toujours possible.

Pour autant, on observe une évolution de la « politique de communication » de l’EI depuis quelque temps.

La diffusion de « preuves » est devenue moins automatique

Jusqu’à ces deux dernières années, l’EI avait toujours voulu renvoyer l’image d’une organisation qui ne revendique que les opérations qu’elle commet ou inspire. Elle le faisait notamment par son « agence de presse », Aamaq, qui avait pris l’habitude de fournir des « preuves », qu’il s’agisse d’un testament, d’une vidéo…

Désormais, ces « preuves » diffusées par les canaux de propagande de l’EI ne sont plus aussi automatiques que par le passé. Ce qui interroge sur la nature potentiellement opportuniste de certaines revendications, même si le groupe peut inspirer les passages à l’acte.

L’attentat de Nice, le 14 juillet 2016, qui fit 86 morts et près de 400 blessés, fut la première action revendiquée par les djihadistes sans qu’ils apportent la moindre preuve pouvant corroborer leurs dires.

En juin, Aamaq a revendiqué l’attaque d’un casino à Manille, aux Philippines, sans qu’aucun lien ait pu être établi entre l’assaillant — un parieur endetté selon les autorités — et l’organisation terroriste.

L’attaque le 20 avril d’un bus de la police sur les Champs-Elysées à Paris, au cours de laquelle un officier a été tué, avait, quant à elle, donné lieu à des interrogations sur la réalité du lien entre l’auteur de l’assassinat et l’EI.

Le groupe djihadiste, qui avait réagi très rapidement, à travers Aamaq, avait qualifié le tireur de « belge », alors que celui-ci était français, originaire de Livry-Gargan, dans la Seine-Saint-Denis.

Aucune preuve d’association n’a par ailleurs été trouvée par la police britannique entre les auteurs des dernières attaques au Royaume-Uni et les assaillants.