Le premier minsitre, Edouard Philippe, et le grand rabbin de France, Haïm Korsia, à la synagogue Buffault, à Paris, le 2 octobre. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Manuel Valls a grillé la politesse à Edouard Philippe. Lundi soir 2 octobre, à l’occasion du Nouvel An juif, le premier ministre avait prévu de présenter les vœux du gouvernement à la communauté juive, comme les trois années précédentes, à l’invitation du président du Consistoire, Joël Mergui, et du grand rabbin de France, Haïm Korsia. Mais à l’heure dite, c’est l’ancien premier ministre de François Hollande qui a pénétré dans la synagogue de la rue Buffault, dans le 9arrondissement de Paris.

Par leurs applaudissements nourris, les invités ont témoigné à Manuel Valls que sa popularité demeurait intacte dans les communautés juives, en raison de l’appui qu’il leur a apporté lors de son passage à Matignon, marqué notamment par les attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Haïm Korsia a ainsi rappelé « la phrase quasi prophétique de Manuel Valls : “La France, sans les juifs, ne serait plus la France” ». « Je suis certain que nous aurons bientôt à vous remercier pour vos actions concrètes à nos côtés », a glissé Joël Mergui à Edouard Philippe. Il ne restait plus au premier ministre d’Emmanuel Macron, arrivé quelques dizaines de minutes plus tard, qu’à mesurer à cette aune l’accueil qui serait réservé à son premier discours en direction des quelque 500 000 Français juifs.

Dans le droit-fil de la conception de la laïcité exposée par le président de la République, le chef de l’exécutif est allé au-devant de quelques demandes, pour certaines formulées auparavant par Joël Mergui. Il a ainsi plaidé pour que les étudiants juifs pratiquants puissent se voir offrir une alternative à un examen qui aurait lieu le samedi, jour chômé du shabbat dans le judaïsme. Il s’est aussi engagé à ce que l’abattage rituel ne soit pas remis en cause.

Continuité de l’action

Edouard Philippe a surtout eu des paroles fortes pour inscrire l’action de son gouvernement dans la continuité du précédent en termes d’engagement contre la résurgence de l’antisémitisme, qualifié de « bête immonde » qui, « quand on la croit disparue, réapparaît encore et encore ». Le chef de l’exécutif a explicitement cité Manuel Valls pour dire à son tour que l’on « ne peut accepter qu’en France, on puisse entendre crier dans nos rues : “Mort aux juifs !” » Parmi les causes de l’antisémitisme, il a cité « l’ultraviolence du terrorisme islamiste ». Pour le chef du gouvernement, si les actes antisémites ont baissé en 2016 (– 58,5 %), ce recul « ne doit pas faire oublier une autre réalité », celle de la « banalisation de l’antisémitisme et de sa forme réinventée (…) qu’est l’antisionisme ».

Edouard Philippe a annoncé que les efforts contre l’antisémitisme menés par la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) seraient poursuivis et dotés de 2018 à 2020, notamment pour lutter contre l’antisémitisme sur Internet. « Vous ne serez pas seuls dans ce combat car c’est celui de la République », a-t-il assuré à ses auditeurs. Le premier ministre a, enfin, indiqué qu’Emmanuel Macron se rendrait en Israël au printemps 2018.