Le PDG de la SNCF, Guillaume Pepy, lors du lancement des Assises nationales de la mobilité, le 19 septembre, à Paris. / ERIC PIERMONT / AFP

Ouverture tous azimuts. C’est, en quelque sorte, le mot d’ordre décrété par Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, pour sa « vision 2025 », le nouveau plan stratégique du groupe français de mobilité en cours de finalisation. « Quand une entreprise comme la nôtre est contestée et critiquée, et quand la concurrence dans son premier métier, le ferroviaire, arrive, le premier réflexe est le repli sur soi. Nous avons décidé, au contraire, de nous ouvrir », assure M. Pepy.

Par ce terme, il entend le fait d’ouvrir ses données à des tiers, mais aussi d’assumer son ouverture à d’autres modes, historiquement concurrents du train, comme le covoiturage, les VTC (par le biais de Keolis notamment) ou le car longue distance.

« Nous sommes en faveur de tous les modes de transport partagés, car notre ennemi, c’est avant tout l’“autosolisme”, le fait de voyager seul dans sa voiture », juge M. Pepy. Cette posture permet de légitimer les lourds investissements passés, notamment dans Le Cab ou dans Ouibus, IDVroom et Ouicar…

Retrouver de la « robustesse »

Mais la SNCF veut aller plus loin. Pour résister à la montée en puissance des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), le groupe public élabore des services communs avec certains de ses concurrents directs comme Transdev, la RATP ou Blablacar.

Les quatre sociétés se sont entendues pour codévelopper un assistant de mobilité qui permettra à chacun, d’ici à la fin 2018, de calculer son itinéraire courte ou longue distance, de choisir un ou plusieurs moyens de transport (car, train, covoiturage, etc.), de les payer, puis de disposer d’un ticket de transport. Le tout avec une seule application sur smartphone. Historiquement, la SNCF a mené ces chantiers seule, sans réel succès.

Si ce projet prouve que le groupe, toujours très autocentré, s’ouvre un peu, il ne suffira pas à assurer l’avenir de l’entreprise. Il lui faut retrouver sa « robustesse » opérationnelle, comme l’ont encore rappelé les crises dans certaines gares pendant l’été. Ce sont ces perturbations et la politique tarifaire qui touchent et irritent le plus les clients de la société.

Outre un nouveau programme industriel annoncé dès cet été, la SNCF doit réussir la modernisation de ses infrastructures, grâce au contrat de performance signé avec l’Etat. SNCF Réseau dispose de plus de 3 milliards par an pour remettre à niveau ses infrastructures, notamment dans les zones denses. L’idée est de faire passer plus de trains, tout en réduisant les coûts de maintenance, grâce à l’Internet des objets.

Concomitamment, l’Etat et la SNCF vont devoir repenser les modèles économiques de plusieurs activités du groupe, notamment du fret ferroviaire, qui a accumulé 3,2 milliards de dettes commerciales en dix ans, du TGV, dont la marge s’est effondrée en quinze ans, et de SNCF Réseau, lesté d’une dette de plus de 40 milliards d’euros.

« C’est tout l’objet d’une mission confiée par le gouvernement à Jean-Cyril Spinetta », confirme Guillaume Pepy. Pour les observateurs, la façon dont sera menée cette mission sera un moyen de tester l’ouverture revendiquée par la direction.

Pari de l’internationalisation

Dans ce cadre national contraint, Guillaume Pepy parie sur l’internationalisation de la SNCF pour financer son développement. D’ici à 2025, il entend réaliser la moitié de son chiffre d’affaires à l’étranger, contre un tiers actuellement, par le truchement de Keolis, dans le transport urbain, et Geodis, son pôle logistique.

Ce dernier sera le plus sollicité. M. Pepy veut faire passer son chiffre d’affaires de 10 milliards d’euros (sur 32 milliards pour tout le groupe) en 2016 à 15 à 17 milliards d’euros à terme. « Nous avons le feu vert de l’Etat pour une acquisition, ainsi que son plan de financement, note M. Pepy. Désormais, notre ambition est de payer l’une de nos cibles au juste prix. »

Selon la lettre professionnelle Mobilettre, Geodis souhaiterait racheter le logisticien néerlandais Ceva, qui a réalisé en 2016 un chiffre d’affaires de 6,6 milliards d’euros. Ce rachat serait financé par la vente de certains actifs, dont sa filiale de location de wagons, Ermewa.