Soixante-dix pour cent des actes de chirurgie devront être réalisés en ambulatoire – c’est-à-dire sans nuit passée à l’hôpital – d’ici à cinq ans, a annoncé la ministre de la santé, Agnès Buzyn, en ouvrant les entretiens de Bichat à Paris jeudi 5 octobre.

« D’ici à 2022, je souhaite porter la médecine ambulatoire à 55 % et la chirurgie ambulatoire à 70 % », contre 43 % et 54 % aujourd’hui, a déclaré Mme Buzyn au premier jour de ce rendez-vous annuel consacré à la formation continue des médecins. L’ambulatoire constitue le fil rouge de cette 70édition.

Le recours à l’ambulatoire est encouragé depuis plusieurs années par les pouvoirs publics pour des raisons médicales et économiques. Le taux global national de la chirurgie ambulatoire est ainsi passé de 36,2 % en 2009 à 54 % l’an dernier, notait le rapport du congrès de l’Association française de chirurgie (AFC) la semaine dernière.

Mais l’objectif de 70 % en 2022 est nouveau. Jusqu’à présent, il était fixé à 66,2 % en 2020 ; des chiffres encore éloignés des pays cités en exemple par Mme Buzyn, comme « le Danemark et la Suède, qui comptent 90 % de leurs actes de chirurgie en ambulatoire ».

Un « certain nombre d’obstacles »

La ministre a toutefois concédé que le développement de l’ambulatoire impliquait « de lever un certain nombre d’obstacles ». Parmi eux, la question du financement, puisque « les recettes générées sont inférieures à celles réalisées auparavant en hospitalisation complète ».

Autre obstacle, « les difficultés pour certains patients (…) de se rendre tôt le matin à l’hôpital et de rentrer à domicile le soir, dans des territoires plus éloignés et moins desservis par les transports publics ».

Le développement accru de l’ambulatoire, qui est « un plus pour les patients, les praticiens et les établissements », passe par une « meilleure coordination » entre l’hôpital et la médecine de ville, libérale, pour garantir un bon suivi aux patients, a-t-elle ajouté.

Il passe aussi « par une adaptation de la tarification en logiques de parcours, pour laquelle j’engage une réflexion et des expérimentations ». Avec cette réforme, une enveloppe forfaitaire couvrirait tout le suivi d’un cas donné, contre une tarification réalisée à l’acte actuellement.

Mme Buzyn a lancé mi-septembre une grande concertation sur les priorités de la stratégie nationale de santé du gouvernement, qui sera adoptée en décembre par décret et mise en œuvre dès 2018. L’une de ses priorités est de sortir du « tout hôpital ».