Les forces irakiennes devant un drapeau de l’Etat islamique dans Hawija, après la libération de la ville, jeudi 5 octobre. / STRINGER / REUTERS

Il ne reste désormais plus qu’une poche djihadiste en Irak. De Paris, où il effectue une visite officielle, le premier ministre Haider Al-Abadi, commandant en chef des forces armées, a proclamé jeudi 5 octobre « la libération de Hawija ». L’armée irakienne a repris la ville, l’un des deux derniers bastions de l’organisation Etat islamique (EI) dans le pays, après trois années de pouvoir du califat autoproclamé sur des milliers de civils désormais déplacés dans des camps.

Les forces irakiennes étaient entrées mercredi dans cette ville sunnite de plus de 70 000 habitants, surnommée le « Kandahar d’Irak », en référence au bastion des talibans en Afghanistan. Elles auraient progressé très rapidement dans des quartiers désertés par leurs habitants, où l’EI n’aurait pas opposé de résistance.

Il n’y a « plus que la bande frontalière à reconquérir »

La coalition internationale emmenée par Washington a salué une victoire « rapide et décisive » à Hawija après une « dure bataille » contre les djihadistes dont « plus de mille se sont rendus, selon plusieurs sources ». « Plus de 41 500 kilomètres carrés ont été repris et plus de quatre millions d’Irakiens libérés » depuis 2014, mais, a encore prévenu la coalition, « l’EI reste présent en Irak ».

Le premier ministre irakien a confirmé, de son côté, qu’il n’y avait « plus que la bande frontalière à reconquérir ». En effet, si Hawija a été reprise aux djihadistes, des villages alentours sont encore à reprendre, et les forces irakiennes poursuivent les combats sur un autre front.

Depuis le 19 septembre, elles progressent lentement dans le désert occidental frontalier de la province syrienne de Deir ez-Zor, ralenties par des mines déposées par les djihadistes au fur et à mesure de leur retraite. Dans cette zone, les combattants de l’EI ne tiennent plus que deux localités : Rawa et Al-Qaïm.

12 500 civils ont fui

Au cours de ces opérations, près d’un millier d’engins explosifs ont été découverts et désamorcés, a déclaré le chef de la défense civile de la province d’Al-Anbar, le général Fawzy Yassine, à l’Agence France-Presse (AFP). « Ce nettoyage va permettre aux déplacés de revenir chez eux », a précisé Abdel Karim Al-Ani, chef du conseil local d’Anna.

En deux semaines de combats à Hawija, à près de 300 kilomètres au nord de Bagdad, les civils se sont, une nouvelle fois, retrouvés pris entre deux feux. Environ 12 500 personnes ont fui depuis le début de l’offensive, avait fait savoir mardi l’ONU.

Les premiers civils sortis de Hawija ont raconté la peur de la vie quotidienne sous la coupe des djihadistes et celle d’être utilisés comme bouclier humain par l’EI, ont rapporté les humanitaires. Selon l’ONG Norwegian Refugee Council (NRC), « aucune organisation internationale n’a pu entrer à Hawija sous le contrôle de l’EI depuis deux ans », alors même que « la plupart des organisations humanitaires locales ne sont plus en état de fonctionner ».

Reprise des infrastructures

Au-delà de la reprise de la ville, la bataille qui se joue concerne également les voies de circulation et d’acheminement dans ce pays pétrolier.

Mercredi, les forces gouvernementales ont repris l’autoroute reliant Kirkouk et Tikrit, au sud de Hawija, tenue depuis trois ans par les djihadistes. La veille, elles avaient reconquis la centrale électrique de Harayat et le pont Al-Fatha, à l’est de Baïji, dans le nord de l’Irak.

Les forces irakiennes, alors qu’un tiers du pays était tombé aux mains des djihadistes il y a plus de trois ans, ont progressivement repris le contrôle du territoire au terme d’une longue série de combats, avec l’appui des frappes aériennes de la coalition. Désormais acculé dans tous ses fiefs en Irak et en Syrie, l’EI voit son « califat » s’écrouler.