Les agriculteurs veulent pouvoir continuer à utiliser le glyphosate et ont manifesté en ce sens, le 22 septembre, à l’appel de la FNSEA, sur les Champs-Elysées. / Thibault Camus / AP

La France votera contre le prolongement de l’autorisation par l’Union européenne du glyphosate pendant dix ans, a déclaré sur France 2, jeudi 5 octobre, le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert. Le vote des Etats membres doit nécessairement se tenir avant la fin de l’année, date à laquelle expire l’autorisation de mise sur le marché de la substance.

Le glyphosate, qui entre notamment dans la composition du Roundup de Monsanto, est un herbicide jugé dangereux par les défenseurs de l’environnement et par le ministre français de la transition écologique, Nicolas Hulot. De leur côté, les agriculteurs veulent pouvoir continuer à l’utiliser.

Pour être validée, la proposition de la Commission européenne doit recueillir le soutien de 16 des 28 Etats membres, représentant au moins 65 % de la population de l’UE. Pour autant, il n’est pas question d’interdire immédiatement l’utilisation de ce produit en France, a précisé Stéphane Travert.

« Le premier ministre m’a chargé, avec mon collègue () Nicolas Hulot, de trouver les moyens d’établir un calendrier de sortie de ce produit, le calendrier le plus rapide mais qui devra trouver la bonne trajectoire pour permettre la transition nécessaire, notamment dans les professions agricoles. »

Cette trajectoire doit permettre aux agriculteurs de diminuer progressivement l’utilisation de cet herbicide, a fait valoir le ministre de l’agriculture. C’est la durée de cette transition que le gouvernement français doit encore trancher.

« Si on reporte à dix ans et que, pendant dix ans, on ne fait rien, dans dix ans, on sera exactement au même niveau qu’aujourd’hui. Donc, nous devons () donner les moyens à la recherche de trouver des produits de substitution », a expliqué le ministre.

Aucun contact avec les fabricants de pesticides

Stéphane Travert a assuré qu’il n’avait pas reçu le lobby très actif des fabricants de pesticides et d’herbicides, dont Monsanto, qui s’efforce depuis des années de contrer les études scientifiques selon lesquelles le glyphosate est cancérigène. « Ils ne sont pas venus me voir, je ne les ai pas contactés et je ne les recevrai pas », a-t-il dit.

En juillet 2016, la Commission européenne a prolongé de dix-huit mois l’autorisation de la vente du glyphosate, dont l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a estimé en mars qu’il ne devait pas être classé comme substance cancérigène.

A Bruxelles, où ils sont réunis pour deux jours, les experts du comité permanent sur les végétaux, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (PAFF) ont commencé à en débattre ce jeudi, mais aucun vote ne conclura leur réunion, a précisé une porte-parole de la Commission. « Une nouvelle réunion du PAFF est prévue le 23 octobre, mais son ordre du jour n’a pas encore été finalisé, nous ignorons donc si le glyphosate sera ou non à l’agenda », a-t-elle dit.