Le président français accueillait le premier ministre irakien jeudi 5 octobre, sur fond de tension accrue en Irak depuis la tenue du référendum sur l’indépendance au Kurdistan irakien qui a recueilli plus de 90 % des voix. Emmanuel Macron a estimé, lors d’une conférence de presse conjointe à l’issue de sa rencontre avec Haïder Al-Abadi, que les droits des Kurdes devaient être « reconnus dans le cadre de la Constitution » irakienne.

« Nous plaidons pour la reconnaissance du droit des Kurdes dans le cadre de la Constitution (…) Il y a un chemin dans le respect du droit des peuples, qui permet de préserver le cadre de la Constitution et la stabilité et l’intégrité territoriale de l’Irak », a déclaré M. Macron, commentant le oui massif à l’indépendance émis le 25 septembre.

« J’ai souligné le souhait de la France de voir l’Irak s’engager dans la voie de la réconciliation nationale pour établir une gouvernance inclusive qui réponde aux aspirations de l’ensemble des composantes de la société irakienne dont les Kurdes d’Irak avec qui la France entretient des liens d’amitié », a-t-il ajouté. « La France est prête si l’autorité irakienne le souhaite à contribuer activement à la médiation engagée par l’ONU », a-t-il poursuivi. Dans sa déclaration, M. Abadi n’a pas mentionné cette médiation.

Le président français a réitéré auprès de M. Abadi « l’engagement plein et entier » de la France dans la coalition antidjihadiste. « Nous continuerons jusqu’au bout et aussi longtemps qu’il le faudra d’être présent », a affirmé M. Macron, promettant également d’ouvrir « une nouvelle page de la relation bilatérale » entre Paris et Bagdad.

« Nous ne voulons pas de la confrontation armée »

Haïder Al-Abadi a affirmé, de son côté, que les positions de l’Etat central devraient prévaloir. « Je lance un appel à tous : nous ne voulons pas de la confrontation armée. Nous ne voulons pas d’affrontements. Mais l’autorité fédérale doit prévaloir », a déclaré M. Abadi à l’issue de sa rencontre avec le chef de l’Etat français.

« J’appelle les peshmergas à travailler à nos côtés comme nous avons travaillé ensemble contre Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI], pour garantir la sécurité de nos concitoyens », a insisté le premier ministre irakien, tout en répétant que le « séparatisme » kurde n’était pas « acceptable ».

Cette crise intervient alors que l’Irak est en passe de reprendre le contrôle de tous les fiefs de l’EI, un combat dans lequel les peshmergas kurdes sont souvent en première ligne. M. Abadi a d’ailleurs solennellement annoncé la « libération » de la ville de Hawija, dernier grand centre urbain de l’Etat islamique en Irak. Sa reprise ne laisse à l’organisation djihadiste qu’un seul fief dans le pays : les localités d’Al-Qaïm et de Rawa, dans le désert frontalier de la Syrie.

Les quelque 5,5 millions de Kurdes de cette région autonome d’Irak ont massivement voté oui à l’indépendance, à 92,7 % des voix, selon les résultats officiels du référendum. Comme mesure de rétorsion, Bagdad a coupé vendredi les liaisons aériennes entre le Kurdistan irakien et l’étranger et demande à la région d’annuler ce référendum.