C’est un message sur Facebook qui a tout déclenché. Lundi 2 octobre, au lendemain de l’attentat de la gare Saint-Charles, à Marseille, où Ahmed Hanachi a tué deux jeunes filles de 20 ans à coups de couteau, Sonia Nour, collaboratrice à la mairie (PCF) de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a écrit : « Quand un martyr égorge une femme et poignarde une autre là ça fait du bruit. Terrorisme, du sang, civilisation Bla Bla Bla… Par contre que le terrorisme patriarcal nous tue tous les deux jours on l’entend moins votre grande gueule. »

Très vite, Gilles Poux, le maire de la ville, a estimé que l’ancienne membre de la direction de l’UNEF – elle faisait partie du bureau national au début des années 2010 – avait dépassé la ligne rouge. Il a condamné le message et suspendu Mme Nour de ses fonctions. « Ces propos qui minimisent et banalisent des actes de terrorisme d’une sauvagerie inouïe ne méritent que la condamnation », a écrit l’édile. Marie-George Buffet, députée PCF de Seine-Saint-Denis, a aussi critiqué les propos de Sonia Nour dans un message publié sur Facebook, avant de le retirer.

« Sous la pression de la fachosphère »

Mme Nour a par la suite essayé de se justifier, en affirmant qu’elle voulait dénoncer les violences faites aux femmes. Sans vraiment convaincre : « En France, nous avons l’équivalent d’un Bataclan [89 morts sur les 130 victimes des attentats du 13 novembre 2015] chaque année pour les femmes. Meurtres de masse par étranglement, coups, coup de fusil, poignard… par des hommes. En quoi le crime dit “islamiste” serait plus atroce que le crime de femmes par leur conjoint ou ex… ? » Elle prend soin de préciser également que « le mot martyr ne veut pas dire “le juste” » et qu’elle l’emploie « dans le sens psychanalytique du terme ».

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Plusieurs personnes sont venues à la rescousse de Sonia Nour. Parmi elles, des anciens camarades de l’UNEF qui dénoncent une « cabale ». Ils rappellent l’engagement de Mme Nour contre « les systèmes de domination en faisant un lien utile et nécessaire entre classe, race et genre ».

D’autres militants reprochent au PCF d’avoir agi « sous la pression de la fachosphère » et de certains militants du Printemps républicain. Ils estiment que la sanction est disproportionnée et injustifiée. L’un d’eux écrit : « La violence de la charge contre Sonia Nour tient principalement au fait qu’elle est racisée. »