Renault Group CEO Carlos Ghosn speaks during a media conference at La Defense business district, outside Paris, France, Friday, Oct. 6, 2017. French carmaker Renault says half of its models will be electric or hybrid by 2022 and it's investing heavily in "robo-vehicles" with increasing degrees of autonomy. (AP Photo/Michel Euler) / Michel Euler / AP

Après avoir conduit le « changement », construire « l’avenir ». Vendredi 6 octobre, le PDG de Renault, Carlos Ghosn a présenté « Drive the Future », son nouveau plan stratégique 2017-2022, qui prend le relais du précédent programme sexennal intitulé « Drive the Change ». Il s’appuie sur une offre low cost accrue et un effort conséquent dans le véhicule électrique et connecté.

Au total, le constructeur compte vendre 5 millions de véhicules en rythme annuel à partir de 2022, en additionnant toutes ses marques (Renault, Dacia, Renault-Samsung, Alpine et Lada). Soit une hausse de plus de 40 % en six ans. « Ce plan permettra d’atteindre un chiffre d’affaires annuel de 70 millions d’euros, une marge opérationnelle de 7 % et un flux de trésorerie positif chaque année », précise le communiqué du groupe.

En matière de rentabilité, non seulement un objectif est donné mais, point nouveau, un plancher est ajouté : sur la durée du plan, la marge opérationnelle ne pourra pas descendre sous les 5 %. Pour y parvenir, le groupe se donne pour but de réaliser 4,2 milliards d’économies dites « monozukuri », c’est-à-dire concernant les processus industriels et la chaîne d’approvisionnement, en prenant pour modèle l’organisation de son partenaire japonais, Nissan. Dans cette logique, Renault compte produire 80 % de ses modèles sur des plates-formes communes avec le Nippon, contre environ 20 % en 2016.

Cette nouvelle feuille de route est dessinée au moment où le précédent plan stratégique a porté l’essentiel de ses fruits. Renault va bien et s’est rarement aussi bien porté. Un chiffre d’affaires de 51,2 milliards en 2016, alors qu’il ne dépassait pas les 40 milliards en 2010. Et surtout une rentabilité record. Derrière les 3,54 milliards de bénéfices de 2016 et les 3,5 millions de voitures vendues de par le monde se cache une hausse de la marge opérationnelle de 2,8 % il y a sept ans à 6,4 % l’an dernier. Sur toute sa durée, « Drive the change » avait généré 5,7 milliards de trésorerie positive.

Augmenter les ventes de voitures à petit budget

Côté priorités stratégiques, Renault compte donc s’appuyer sur deux jambes lors des six prochaines années : d’une part, le bon vieux low cost qui fait son succès en Europe et dans le monde émergent et, d’autre part, l’automobile du futur, électrique, autonome et connectée.

Renault prévoit d’accroître de 700 000 unités à deux millions (soit + 54 %) ses ventes de voitures à petit budget durant le plan, a précisé M. Ghosn. La marque s’est fait une spécialité de la production globalisée d’automobiles de bon standard en matière d’équipement et de design, et vendues à des prix très attractifs.

Ces véhicules pour petits budgetsles Logan, Sandero, Duster –, connus sous la marque Dacia en Europe occidentale, sont très rentables. Ils représentent aujourd’hui près d’un tiers des volumes du groupe. Sur les marchés émergents, Renault a poussé cette logique des voitures très bon marché mais attractives avec la Kwid, vendue 3 500 dollars (environ 3 000 euros), qui a connu un joli succès en Inde en 2015 et 2016 (mais en perte de vitesse en 2017).

En Chine, Renault prévoit d’écouler 550 000 voitures en 2022. Un vrai pari, car le groupe français s’y est installé récemment, et ses ventes n’excéderont pas les 70 000 véhicules cette année dans un marché où seront vendues plus de 30 millions de voitures en 2017. Mais le projet de Kwid électrique, en coentreprise avec Nissan et Dongfeng, annoncé cet été, pourrait permettre à la marque au losange d’entrer plus massivement sur le premier marché automobile mondial.

En Russie, deuxième marché de Renault depuis la prise de contrôle total d’Avtovaz (marque Lada), Renault prévoit un doublement de ses ventes durant la durée du plan.

La fin du tout-diesel

L’autre accélérateur du plan est davantage tourné vers le futur. Il repose sur une montée en puissance du véhicule électrique. Sur ce marché, Renault compte renforcer ce qu’il appelle son « leadership » avec le lancement de huit nouveaux modèles à batterie et douze électrifiés, soit vingt sur les vingt et un nouveaux modèles lancés pendant la durée du plan. C’est aussi l’occasion d’acter la fin d’une époque, celle du tout-diesel. « Nous allons ramener notre gamme de trois familles de moteurs, à une, a déclaré Thierry Bolloré, directeur délégué à la compétitivité de Renault. Notre offre diesel sera réduite de 50 % d’ici à 2022. »

Enfin, Renault ambitionne d’accélérer dans la voiture 2.0. A la fin du plan, 100 % des véhicules vendus sur les marchés clés doivent être connectés, et la marque annonce être en mesure de lancer « quinze modèles autonomes » dans les six ans. L’effort de recherche est du coup dimensionné en conséquence : 18 milliards d’euros seront investis en recherche et développement.

« Le constructeur français régional de 2005, dépendant d’un seul modèle, Megane, et d’un pays, la France, est maintenant une entreprise globale profitable, résiliente, multipolaire, et elle le sera encore davantage d’ici à la fin du plan », a conclu M. Ghosn.