• Aurélio Edler-Copes
    In C + 50

    Aurélio Edler-Copes : In Resonance. Terry Riley : In C. Aurélio Edler-Copes (guitare et live electronics)

Pochette de l’album « In C+50 », d’Aurélio Edler-Copes. / EOLE RECORDS

Comme la plupart des musiciens de sa génération, Aurélio Edler-Copes (Brésilien né en 1976) a recours à l’électronique pour étendre le rayonnement de l’interprétation instrumentale – dans son cas, à la guitare. Si le résultat demeure anecdotique avec In Resonance, il s’avère d’une extrême richesse, technique, expressive et esthétique pour le célèbre In C (1964) de Terry Riley. Réalisée avec une guitare électrique et « 17 délais virtuels spatialisés », la version enregistrée par Edler-Copes rend grâce à toutes les implications de la partition fétiche du minimalisme. Y compris dans le domaine du rock, certaines sonorités rappelant la chanson-hommage des Who : Baba O’Riley. Pierre Gervasoni

1 CD Eole Records.

  • Liam Gallagher
    As You Were

Pochette de l’album « As You Were », de Liam Gallagher. / WARNER

Le titre du premier album solo de Liam Gallagher ne camoufle rien des intentions de l’ancien chanteur d’Oasis. As You Were (« comme tu étais »), pour dire son désir de renouer avec son statut de « rock’n’roll star », belle et grande gueule de la britpop, qui avait perdu de son aura en tentant de reformer un groupe (deux pauvres albums avec Beady Eye) après la fâcherie de trop avec son aîné, Noel Gallagher. La quête aurait pu être pathétique, mais le Mancunien et son management ont eu l’intelligence de recruter des producteurs-compositeurs (les Américains Greg Kurstin et Andrew Wyatt, l’Anglais Dan Grech-Marguerat) capables de modeler des chansons idéalement adaptées au profil de l’interprète de Wonderwall. En artisans polyvalents (ex-collaborateurs d’Adele, Sia, Lily Allen, Beck…), ils ont exploité les obsessions musicales du garçon (Beatles, Stones, Bowie…) et sa nostalgie d’Oasis, dans des titres qui, s’ils sont parfois à la limite du pastiche, lui permettent de flamber avec panache. Dans les hymnes rock (Wall of Glass, Greedy Soul, le psychédélique Doesn’t Have to Be That Way, You Better Run dans lequel Gallagher cite à la fois Gimme Shelter et Helter Skelter), comme dans les ballades (Bold, For What It’s Worth, Chinatown…). Stéphane Davet

1 CD Warner.

  • Harold Land
    A New Shade of Blue
  • Buddy Terry
    Awareness

Pochette de l’album« A New Shade of Blue », d’Harold Land. / MAINSTREAM RECORDS-WE WANT SOUNDS/MODULOR

Pochette de l’album « Awareness », de Buddy Terry. / MAINSTREAM RECORDS-WE WANT SOUNDS/MODULOR

Fondée en 1964 par le producteur Bob Shad (1920-1985), la compagnie phonographique Mainstream Records, moins connue que les marques Prestige ou Blue Note, bénéficie d’une bonne réputation auprès des amateurs pointus de jazz. En particulier avec des enregistrements du début des années 1970, ceux des albums numérotés de 300 à 420 à son catalogue, quand Mainstream Records s’est intéressée aux croisements du jazz avec le funk et la soul. Deux albums représentatifs de cette période viennent d’être réédités avec soin par Wewantsounds, ceux des saxophonistes Harold Land (A New Shade of Blue) et Buddy Terry (Awareness), l’un et l’autre publiés en 1971 et ayant en commun la présence du bassiste Buster Williams et du percussionniste Mtume. Ce dernier donne son nom à une composition, la plus marquante, de l’album d’Harold Land, qui reste d’une facture assez classique. Celui de Buddy Terry, plus fou et électrisant, est emporté par une double rythmique, l’interaction des vents avec le claviériste Stanley Cowell et constitue une passionnante redécouverte. Sylvain Siclier

2 CD séparés Mainstream Records-Wewantsounds/Modulor.

  • Johann Sebastian Bach
    Sonates et Partitas BWV 1001 à 1006

    Christian Tetzlaff (violon)

Pochette de l’album « Sonates et Partitas BWV 1001 à 1006 », de Johann Sebastian Bach par le violoniste Christian Tetzlaff. / ONDINE

Christian Tetzlaff tutoie les Sonates et Partitas de Johann Sebastian Bach depuis sa jeunesse impérieuse : une première et époustouflante gravure parue chez Virgin Classics en 1993 en fait foi, suivie quatorze ans plus tard, par une deuxième version nettement moins sereine, mais tout aussi superlative (Haenssler Classics). A l’orée de la maturité, visage à la Dürer et cheveux longs, le violoniste allemand nous livre aujourd’hui ce troisième état d’un livre de chevet dont il tourne inlassablement les pages – il est le premier à les avoir enregistrées trois fois. L’archet est toujours d’un funambule magicien, l’intonation dans la grâce d’une pureté des origines, l’imagination sonore, celle d’un poète fou, mais quelque chose de sacrificiel s’est glissé dans cette musique qui semble coller si profondément à la peau de l’interprète que chaque note se fait chair. C’est avec une confiance sans mélange qu’il nous faut suivre cet Orphée bacchant, de chutes en extases, d’ivresses en désespoirs, jusqu’au bout d’un voyage dont on ne reviendra pas. Marie-Aude Roux

2 CD Ondine.

  • Natalia Doco
    El Bueno Gualicho

Pochette de l’album « El Bueno Gualicho », de Natalia Doco. / CASA DEL ARBOL/DIFFER-ANT

Après « Mucho Chino », un premier album, paru en 2014, où elle n’osait pas encore laisser jaillir ses envies d’écriture et de composition, Natalia Doco se jette à l’eau. Pas une seule reprise dans celui-ci. La jeune chanteuse argentine, qui a adopté la France en 2011, après six années de nomadisme au Mexique, signe tous les titres (avec la collaboration, pour certains, en français, de Flo Delavega, Belle Du Berry, Rémi & Bruno Fatras). Le timbre légèrement voilé, elle chante le doute et le vague à l’âme, parle d’amour, tutoie la lune et les esprits. Sa voix fragile de Lolita mélancolique est magnifiquement mise en valeur par les arrangements chatoyants d’Axel Krygier, un multi-instrumentiste issu de la bouillonnante scène alternative argentine. Patrick Labesse

1 CD Casa Del Arbol/Differ-Ant.