« Now » (2015), de Chantal Akerman. / CHANTAL AKERMAN/REBECCA FANUELE/COURTESY FONDATION CHANTAL AKERMAN & MARIAN GOODMAN GALLERY

Cela pourrait être un paysage serein. Le désert, sur cinq écrans. Sauf que les sables et les pierres sont pris dans de terribles travellings sans fin, course à perdre le souffle. Sauf que l’oreille, autant que l’œil, est assaillie. Croassements, cahots, cloches, chant du muezzin et bruits de guerre, cris et roulis… Toute la douleur du monde condensée en une bande-son. Au fond de la salle, l’image la plus lumineuse appelle et invite au repos de l’esprit. Mais il est de courte durée. Le regardeur fait lui-même le montage, passant d’un écran à l’autre, happé par le vertige de ces plans-séquences interminables. Soit il aborde frontalement cette sourde violence, soit il y entre de plain-pied, envahi d’images quasi vides, submergé par les sons. Dans les deux cas c’est une course sans fin, à chercher du sens à ce chaos. Auteure de cette stupéfiante installation vidéo, l’une de ses dernières, dévoilée à la Biennale de Venise 2015, la réalisatrice Chantal Akerman est morte de ne pas l’avoir trouvé. Elle s’est donné la mort en 2016.

« Now », Chantal Akerman, galerie Marian Goodman, rue du Temple, Paris 3e. Tél. : 01-48-04-70-52. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 21 octobre. mariangoodman.com