Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, lors de la présentation de l’offre Total Spring, le 5 octobre 2017. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Total attaque EDF et Engie sur leur terrain. A partir de dimanche 8 octobre, les consommateurs pourront souscrire à une offre appelée Total Spring pour se fournir en électricité et en gaz. La promesse de Total est double : des prix inférieurs de 10 % par rapport aux tarifs réglementés et une électricité « verte ».

Une annonce qui pourrait bousculer les marchés du gaz et de l’électricité, dix ans après l’ouverture à la concurrence. En France, 84 % des clients de l’électricité sont encore chez EDF, et 75 % des clients du gaz se fournissent chez Engie (ex-GDF Suez).

Total s’appuie sur les 400 000 clients de Lampiris, entreprise belge qu’il a rachetée en 2016, pour s’étendre rapidement, et vise « rapidement » les 3 millions de clients. « Parmi [ceux] qui sont restés chez les opérateurs historiques, il y a des dormeurs, on va les réveiller », explique le PDG de Total, Patrick Pouyanné. Le géant du pétrole et du gaz compte aussi sur la notoriété de l’entreprise – qui compte 1 million de clients chaque jour dans ses stations-service – pour vite développer les offres de Total Spring.

« On veut aller de la pompe à la prise »

Une ambition non négligeable : en dehors d’EDF et d’Engie, le plus important des autres fournisseurs, Direct Energie, compte moins de 2 millions de clients… après quatorze ans d’existence.

Mais cette arrivée sur ce marché dominé par les opérateurs historiques incarne aussi la stratégie du patron de Total. « On veut aller de la pompe à la prise », a lancé M. Pouyanné, qui répète que « la demande de demain sera électrique ».

Pour le PDG de Total, l’entreprise a vocation à vendre de l’électricité, mais aussi à la produire. Dans le solaire, le groupe pétrolier a, en septembre, pris une participation de 23 % dans le français EREN Renewable Energy, et devrait en prendre le contrôle à terme. Il possède aussi le fabricant américain de panneaux solaires, SunPower. Le groupe promet d’avoir une capacité de production de 5 gigawatts dans le solaire. De même pour le gaz, pour lequel Total n’exclut pas de racheter des centrales en France ou en Europe.

« La différence se fera sur les prix »

Classée 15e entreprise la plus polluante au monde par l’ONG américaine Union of Concerned Scientists, Total espère aussi que son offre d’électricité « verte » permettra d’améliorer son image auprès des clients français.

Concrètement, l’électricité qui arrivera au consommateur ne sera pas produite directement par des éoliennes ou des panneaux solaires. En fait, Total va racheter l’équivalent de la consommation d’électricité par de l’énergie d’origine renouvelable, grâce à l’achat de certificats de garanties d’origine.

D’autres fournisseurs proposent déjà des offres électriques présentées comme « vertes ». Engie ou Direct Energie proposent déjà ce type d’offres et certains, comme la coopérative Enercoop, sont même spécialisés dans la fourniture d’électricité provenant des énergies renouvelables. EDF doit lancer, à la mi-octobre, une offre appelée « Vert électrique », accompagnée d’un suivi de consommation plus précis pour les clients.

« Même si la dimension verte est importante, nous ne sommes pas dupes, nous savons bien que la différence pour les clients se fera sur les prix », estime-t-on chez Total Spring. Une vision confirmée par une étude IFOP, réalisée en mars. Selon cette enquête, 63 % des sondés estimaient que la principale raison qui les inciterait à changer de fournisseur était le prix. Ils étaient seulement 9 % à citer en premier une énergie plus verte.