Boris Diaw lors de l’Euro de basket, le 5 septembre 2017. / JUSSI NUKARI / AFP

C’était le 2 juillet 2003. Alors âgé de 21 ans, Boris Diaw achevait en apothéose la première partie de sa carrière, en remportant le titre de champion de France sous le maillot de l’Elan béarnais Pau-Orthez. Un sacre à domicile, avant de s’envoler poursuivre son rêve américain : la NBA. Alors capitaine de l’armada paloise – qui avait remporté cette année les trois compétitions nationales –, le meneur Frédéric Fauthoux se réjouissait après la rencontre de voir Boris et son camarade Mickaël Pietrus, faire le grand saut vers la Ligue américaine : « Leur départ est un petit pincement au cœur mais je suis quand même très heureux de les voir partir dans la plus belle et la plus forte des compétitions. »

Quatorze années plus tard, c’est un vétéran NBA, bague de champion au doigt et titre de MIP (most improved player, « meilleure progression de l’année ») de l’année 2006 qui revient en proA. Samedi 7 octobre, Boris Diaw endossera pour la première fois la tunique des Levallois Metropolitans lors de la réception de Limoges. Avec en guise de trait d’union, « Freddy » Fauthoux, aujourd’hui entraîneur de l’équipe des Hauts-de-Seine. Une présence qui « est pour beaucoup » dans la venue du capitaine de l’équipe de France en région parisienne : « C’est quelqu’un que je connais depuis pas mal d’années, et pour qui j’ai beaucoup de respect, confie Boris Diaw. Et voir ce qu’il fait avec cette équipe m’a donné envie de rejoindre ce projet. »

Engagement moral pour repartir en NBA

Admettant « un peu de déception » de ne pas avoir reçu d’offre en NBA à la fin de son contrat avec le Utah Jazz, Boris Diaw a choisi son nouveau port d’attache d’abord parce qu’il arrivait « en terrain connu ». « A partir du moment où je ne repartais pas en NBA, je préférais rester en France », explique-t-il. Et de souligner qu’un club de l’Euroligue (la coupe d’Europe des clubs, à laquelle aucun club français ne participe cette saison) ne lui aurait probablement pas offert – ce qu’a fait Levallois – un « engagement moral de pouvoir repartir », en cas d’offre en NBA.

« Cette équipe a été construite sans Boris, tient à souligner Frédéric Fauthoux, et ça reste le socle de la saison. » Et pour cause, à tout moment cette année, le chef de file des Bleus peut faire ses valises et rejoindre une équipe NBA. Une situation dont l’entraîneur des Metropolitans ne se plaint pas, se félicitant au contraire de « l’opportunité extraordinaire de pouvoir intégrer » l’homme aux 241 sélections (à quelques encablures du record d’Hervé Dubuisson, 259 sélections).

Déplorant que lors du premier entraînement avec le champion NBA 2014, plusieurs de ses jeunes joueurs aient été « plus spectateurs qu’acteurs », le coach landais espère qu’en amenant « exactement ce qu’il a apporté durant toute sa carrière », à savoir un jeu altruiste, Boris Diaw permettra à ses jeunes coéquipiers – le club compte de nombreux espoirs du basket hexagonal – « de grandir beaucoup plus vite ». « Je souhaite qu’il soit le grand frère de tous ces gamins qui vont gagner du temps dans l’apprentissage du basket », abonde Jean-Pierre Aubry, le président du club alto-séquanais.

Le retour du fils prodige

Si Levallois a réalisé le plus gros coup du mercato de la proA, pour l’équipe de France, le retour dans l’Hexagone de son capitaine est également une aubaine. En raison d’une réforme du calendrier international par la Fédération internationale de basket-ball (FIBA), des phases de qualification pour le Mondial 2019 ont été intercalées au cours de la saison. Problème, ces fenêtres internationales (à la manière de celles qui peuvent exister au football) ont été adoptées sans concertation avec la NBA ou l’Euroligue, où jouent les meilleurs joueurs de la planète. Et ces ligues sont peu enclines à libérer leurs joueurs à cette occasion, faisant courir le risque de qualifications disputées avec des équipes B, voire C, composée en ce qui concerne la France, principalement de joueurs du championnat de France.

Cette modification « est entrée en compte » dans le choix de Diaw de revenir jouer en France. Le « Big boss de l’équipe de France », comme le qualifie Jean-Pierre Aubry, se réjouissant de pouvoir « rester au plus près de l’équipe de France en vue du grand objectif pour le futur : la qualification pour le championnat du monde ».

Le retour du fils prodige du basket français sur les terrains hexagonaux samedi va « apporter un peu d’effervescence dans le basket français », reconnaît le joueur. Et s’il « aura besoin d’un temps d’acclimatation » au jeu de la proA, son entraîneur n’est pas inquiet, « car Boris a une connaissance du jeu hors normes ».