Pas touche à sa ligne de métro du Grand Paris ! Valérie Pécresse, présidente (Les Républicains) de la région Ile-de-France, entend bien dissuader le gouvernement de renoncer à desservir les Yvelines − dont elle est élue − par le futur réseau du Grand Paris Express (GPE).

A la fin de septembre, le préfet Cadot a rendu un rapport au gouvernement présentant des pistes pour « lisser, dit-il, le calendrier de certains tronçons » du futur métro qui doit desservir en rocade le cœur de l’Ile-de-France d’ici à 2030.

L’exécutif cherche par tous les moyens à étaler les dépenses de la Société du Grand Paris (SGP) chargée de le construire depuis que Bercy a établi, cet été, que la facture risquait de flamber pour atteindre 35 milliards d’euros, soit près de 10 milliards de plus que le coût initialement prévu en 2012.

La ligne 18, le maillon faible du futur réseau

Parmi les lignes dont il étudie le report figure la « 18 » qui devrait relier l’aéroport d’Orly à Versailles d’ici à 2030. Son tracé a vocation à désenclaver le pôle industriel et universitaire de Saclay à cheval sur l’Essonne et les Yvelines.

Mais depuis l’origine du projet en 2010, la ligne 18 est considérée comme le maillon faible du futur réseau. Les prévisions de trafic y sont moindres que sur les autres lignes.

Auteur d’un rapport au gouvernement sur le chantier, en 2012, Pascal Auzannet avait préconisé une solution moins coûteuse : la prolongation de l’actuelle ligne de métro Orlyval de l’aéroport jusqu’au plateau de Saclay. Ce scénario n’a pas été retenu sous la pression des élus de l’ouest qui souhaitaient que soient desservies Versailles et Nanterre par un métro automatique.

A la veille de la présidentielle, Emmanuel Macron avait encore en tête une solution alternative : « Il n’est pas interdit de se demander si un mode de desserte peu onéreux ne serait pas susceptible de se substituer à un autre très onéreux (…) Je pense à la desserte de Saclay par la future ligne 18 », avait-il déclaré au magazine Grand Paris Développement.

Report du tronçon entre Saclay et Versailles envisagé

Le gouvernement a depuis donné des gages aux élus sur la non-remise en cause du tronçon qui va d’Orly au plateau de Saclay. Le site a en effet été choisi pour accueillir l’Exposition universelle de 2025 si la candidature de la France est retenue en novembre 2018.

En revanche, l’hypothèse d’un report du tronçon entre Saclay et Versailles est bel et bien sur la table. Un casus belli pour Mme Pécresse.

Dans une lettre adressée le 18 septembre au préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot, que Le Monde s’est procurée, la présidente de la région met en garde contre l’« impact catastrophique » d’une telle décision. Dans ce courrier, la patronne de l’Ile-de-France « réaffirme le besoin de maintenir les investissements prévus dans leur calendrier initial ».

Mme Pécresse rappelle « la saturation du réseau routier » qui « rend de nouveaux bus inutiles ». « Seul un réseau ferré » peut désengorger les pôles d’activités dont celui de Saint-Quentin-en Yvelines, « deuxième pôle économique » d’Ile-de-France après la Défense. De grandes entreprises, telles que Safran ou Airbus, attendent, rappelle-t-elle, « des signaux des pouvoirs publics sur l’amélioration des transports », pour développer leur implantation.

Seule la réalisation complète de la ligne garantirait « la rentabilité du projet », fait-elle valoir. Mme Pécresse va même jusqu’à proposer d’« accélérer le calendrier » et « le bouclage » de la ligne jusqu’à Nanterre (Hauts-de-Seine). Ce prolongement − qui n’est pas programmé pour l’instant − permettrait de doubler, selon elle, le nombre de voyageurs. Ils seraient 100 000 par jour si le métro s’arrêtait à Versailles et 200 000 si la ligne se poursuivait jusqu’à Nanterre-la Défense.

Plutôt que d’arrêter la ligne 18 au milieu du gué, Mme Pécresse suggère de réaliser des économies sur le coût des 68 gares du futur réseau. « Certaines ont été pensées comme un geste architectural sans réfléchir à leur équation économique », critique-t-elle. Les gares représentent 30 % du coût de certains tronçons, dit-on à la région. C’est trop, estime Mme Pécresse, qui souhaite que l’Etat demande à la SGP de revoir sa copie.