Le tribunal correctionnel de Versailles a condamné, lundi 9 octobre, deux militants de l’association de défense des animaux L214 à une amende de 6 000 euros, dont 5 000 avec sursis, pour « violation de domicile ». En décembre, ils avaient caché des caméras dans un abattoir des Yvelines, filmant notamment l’étourdissement des porcs.

Les deux hommes ont en revanche été relaxés pour le chef de « tentative d’atteinte à la vie privée ». Une même amende de 15 000 euros, dont 10 000 avec sursis, avait été requise contre eux le 4 septembre par le parquet. L’abattoir réclamait, lui, 215 000 euros de dommages et intérêts. Il a été débouté de cette demande.

« Satisfaite » de la relaxe de ses clients pour l’infraction de « tentative d’atteinte à la vie privée », Me Caroline Lanty, une des avocats de L214, s’étonne de leur condamnation pour « violation de domicile » dans la mesure où « la preuve par l’image » est « difficile à obtenir » par d’autres moyens. « Des vidéos de même nature ont permis dans d’autres procédures de faire condamner des salariés ou des personnes morales qui maltraitent les animaux », observe-t-elle.

Le 12 décembre 2016, les deux membres de L214, dont le cofondateur de l’association Sébastien Arsac, avaient dissimulé des caméras, notamment sur une nacelle descendant les cochons dans le puits où ils sont étourdis au CO2 avant d’être saignés. Trahis par la chute de l’une d’elles, les deux activistes avaient été interpellés alors qu’ils venaient récupérer leur matériel. Depuis, L214 a diffusé d’autres vidéos de cet abattoir, qui entendent montrer la souffrance des animaux.

Des faits « justes » pour les militants

Devant le tribunal correctionnel de Versailles, les deux prévenus ont reconnu les faits, mais les estiment « justes ». L’étourdissement des porcs au CO2 avant saignée est légal, mais pour L214, qui demande son interdiction, cette méthode « systématiquement longue et douloureuse ».

L’association s’était intéressée à cet abattoir – le dernier d’Ile-de-France – après un signalement par un « lanceur d’alerte » pour ses supposés manquements, néanmoins jamais relevés par les services vétérinaires.

Ce procès constituait une première car les vidéos diffusées par L214 sont le plus souvent tournées par des personnes internes aux établissements incriminés ou y ayant accès. Depuis 2013, L214 a publié plusieurs vidéos-chocs montrant des dysfonctionnements dans des abattoirs français.