Benoît Hamon lors des journées d’été d’EELV, le 24 août 2017 à Dunkerque. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Assis tout à gauche, dans un coin, sous les lambris de l’hôtel de région, Benoît Hamon jouait les modestes, lundi 9 octobre, soucieux de ne pas voler la vedette à ses « collègues ». Mais il avait la mine ravie de celui qui célèbre ses noces. Après son divorce avec le Parti socialiste en juillet, l’ex-candidat du PS à la présidentielle a officialisé, lors d’une conférence de presse, son mariage avec les écologistes à la région Ile-de-France. De leur union est né un nouveau groupe qu’ils ont baptisé « Alternative écologiste et sociale ».

Dans la corbeille du marié, M. Hamon apporte avec lui neuf socialistes qui siégeront avec les treize écologistes dans l’hémicycle régional. Soit 23 élus au total. Une petite troupe de taille à rivaliser avec le groupe PS désormais réduit à 27 membres.

M. Hamon embarque dans son sillage ses proches, dont Roberto Romero, son directeur de campagne pendant la présidentielle, et Hella Kribi-Romdhane, son ex-porte-parole. Il est également suivi par Fanélie Carrey-Conte, ex-députée PS « frondeuse » de Paris. Et par Sandrine Grandgambe, première secrétaire fédérale du PS dans les Yvelines, département dont il est élu.

« Cohérence politique »

Celui qui a quitté le PS pour créer son mouvement, baptisé provisoirement « M1717 », donne ainsi un gage supplémentaire de ses affinités électives avec EELV. A la présidentielle, le candidat des écologistes, Yannick Jadot, avait choisi de se retirer en faveur de Benoît Hamon et avait participé à l’élaboration de son programme.

En quittant le groupe PS, M. Hamon se donne aussi les moyens de retrouver une tribune médiatique face à la patronne (Les Républicains) de la région, Valérie Pécresse. « Il me paraissait difficile de mettre en cause la politique de Valérie Pécresse quand le cas échéant elle prend des décisions liberticides dans les établissements scolaires, tout en étant dans un groupe dont la famille politique vote à l’Assemblée nationale le projet de loi antiterroriste jugé liberticide par beaucoup d’associations de défense des droits de l’homme », explique-t-il.

Au passage, M. Hamon se donne aussi la possibilité de prendre officiellement ses distances avec Carlos Da Silva, ex-lieutenant de Manuel Valls et patron du groupe PS à la région. « Il s’agit pour moi, confie-t-il, sans hostilité, ni agressivité vis-à-vis des autres socialistes, de faire le choix d’une cohérence politique. Je ne peux pas avoir quitté le PS et me retrouver dans un groupe où je ne sers à rien, où les décisions sont prises par un seul. »

« Opposition plus charpentée »

De son côté, M. Da Silva s’est contenté de « prendre acte » de cette sécession. Non sans ajouter : « Depuis que Benoît Hamon a fait le score qui était le sien à l’élection présidentielle, on a constaté des départs et des dissensions. Ce que nous perdons en nombre, nous le gagnons en cohérence », pilonne le patron du groupe à la région.

S’il joue les coucous chez les écologistes, M. Hamon n’entend pas prendre la tête du groupe, qui restera présidé par Mounir Satouri, l’actuel patron des écologistes franciliens. « On a vocation à redonner une vitalité à l’opposition face à Valérie Pécresse », se félicite M. Satouri.

Benoît Hamon ne manque pas de rendre hommage à ses nouveaux alliés. « L’opposition qu’incarnent les écologistes me semble plus charpentée, plus sérieuse, aujourd’hui à la région que celle des socialistes », salue-t-il.

Les hamonistes ont également fait un appel du pied au groupe FdG-PCF à la région en vue de créer un groupe commun avec EELV. « On discute avec les communistes, reconnaît Mme Kribi-Romdhane. Notre rapprochement avec les écologistes est la première pierre d’une maison commune de l’opposition au sein de la région », dit-elle. Mais pour le moment le rapprochement a fait long feu.