Les parcours diplomants en ligne sont en train de décoller. / Flickr / Algongenius (cc by 2.0)

Gratuits pour se cultiver, payants pour se former : telle est schématiquement l’alternative désormais proposée par les plates-formes de cours en ligne. Attirant un nombre croissant d’adultes en quête de complément de formation, beaucoup de MOOC ont évolué vers des modèles « freemium », qui permettent d’obtenir un certificat de réussite à l’issue d’exercices complémentaires et moyennant quelques dizaines d’euros. Alors que la très grande majorité des inscrits à un MOOC ne finit pas le cours, par manque d’implication mais aussi par choix assumé de seulement picorer quelques contenus, ces attestations distinguent les utilisateurs les plus assidus qui apprécient de voir reconnaître les compétences acquises.

Au-delà de ces certificats ponctuels, les plates-formes proposent de plus en plus de véritables parcours de formation, notamment dans le domaine du numérique, qui peuvent constituer pour les entreprises des ressources complémentaires au traditionnel catalogue de formation continue. Dans ce cadre, le certificat représente une « carotte managériale », selon les termes de Frédérick Bénichou, l’un des cofondateurs de Coorpacademy, qui revendique 500 000 utilisateurs, presque tous salariés de grandes entreprises. Ici, les certifications attestent d’un « niveau global de connaissances et de compétences, par exemple sur la culture du digital à la Société générale ou sur les méthodes de vente chez L’Oréal », observe M. Bénichou. Par ailleurs, la start-up a mis en place un système de badges lié au comportement en ligne, qui correspondent à dessoft skills (compétences douces), comme la sociabilité ou la persévérance. Dans l’univers de formation très « gamifié » proposé par Coorpacademy, les utilisateurs peuvent aussi se défier en duel pour tester leurs connaissances sur tel ou tel contenu, et gagner le badge de « battle warrior ».

Développer son employabilité

« La certification est surtout importante pour les personnes qui sont dans une démarche d’insertion ou de reconversion, d’autant que cela aide à obtenir un financement par Pôle emploi ou par le biais du compte personnel de formation », estime de son côté Antoine Amiel, PDG de LearnAssembly. Cette start-up, qui compte 160 000 personnes formées depuis sa création, en 2013, explique avoir fait le choix de ne pas délivrer elle-même de certificat, préférant nouer des partenariats avec « des organismes dont c’est le métier » : en juin 2017, LearnAssembly a lancé une formation au métier de digital learning manager avec le groupe Abilways Digital et un advanced management program destiné aux dirigeants d’entreprise avec l’école de commerce Audencia.

Leader européen de la formation en ligne avec 3 millions d’utilisateurs, OpenClassrooms a quant à elle franchi une étape supplémentaire en développant des parcours qui débouchent sur la validation d’un titre enregistré au ­Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) : chef de projet multimédia, data scientist, développeur d’application… « Nous sommes dans une culture où le diplôme rassure, aussi bien les personnes formées que les recruteurs », déclare Mathieu Nebra, cofondateur de la start-up. OpenClassrooms a levé 6 millions d’euros en septembre 2016 pour investir dans la conception de ces parcours et prévoit de passer d’une quinzaine de titres aujourd’hui à une cinquantaine d’ici à la fin 2017. Ceux-ci pourraient rassembler l’année prochaine plusieurs centaines de personnes, désireuses de « développer ou maintenir à flot leur employabilité », indique M. Nebra.

En outre, tous les parcours devraient à terme être disponibles en alternance, grâce à la création de l’OpenCFA, le premier CFA en ligne qui permettrait non seulement d’acquérir une expérience en entreprise, mais aussi d’économiser les 2 000 à 4 000 euros que coûte une formation. Pour autant, « les cours en présentiel [en présence d’un prof] ne vont pas disparaître, assure Pierre Dubuc, l’autre cofondateur d’OpenClassrooms. Mais notre vision est que l’on se dirige vers un enseignement mixte, plus flexible. Et que les parcours diplômants en ligne sont en train de décoller. »