Emmanuel Macron a reçu le président du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, à l’Elysée lundi 9 octobre. / POOL / REUTERS

La France commencera « dans les prochaines semaines » des missions au Niger et au Tchad pour identifier des personnes pouvant bénéficier du droit d’asile, sur des listes proposées par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), a annoncé Emmanuel Macron lundi 9 octobre.

Ces missions, assurées par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) visent aussi à « mieux prévenir la situation depuis le Niger et le Tchad pour prévenir un afflux de migrants économiques » non éligibles au droit d’asile, a expliqué le président, après avoir reçu le président du HCR, Filippo Grandi, à l’Elysée.

La France « ouvrira sur les deux prochaines années 10 000 places » pour ces réfugiés « réinstallés » du Niger, du Tchad, mais aussi de Turquie, du Liban et de Jordanie, a détaillé le président.

Parmi ces 10 000 réfugiés, 3 000 seront issus des « missions de protection avancées » de l’Ofpra au Niger et au Tchad qui débuteront « dans les prochaines semaines », a précisé dans un communiqué le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb.

« Modifications législatives »

En revanche, Paris a estimé qu’il était pour l’instant impossible d’installer des centres d’accueil en Libye en raison de l’insécurité qui y règne. Cette décision de principe avait été actée à la fin du mois d’août lors d’un minisommet à l’Elysée avec les dirigeants de plusieurs pays européens, du Niger et du Tchad.

En septembre, l’envoyé spécial du HCR pour la Méditerranée centrale, Vincent Cochetel, avait demandé que la France « clarifie au plus tôt » son engagement sur le nombre de réfugiés qu’elle compte aller chercher au Niger et au Tchad, évaluant le nombre de « personnes vulnérables » ayant besoin d’un transfert à « 83 500 au Tchad et 10 500 au Niger ».

La France compte aussi procéder à des « modifications législatives et réglementaires dans les prochaines semaines » pour rapprocher sa politique d’organisation de l’asile avec celle de l’Allemagne ; des réformes auxquelles « le HCR sera associé », a poursuivi M. Macron.

Le chef de l’Etat a rappelé que la France voulait mieux accueillir ceux qui ont droit à l’asile mais expulser de manière « beaucoup plus rigoureuse » les migrants économiques, qui n’ont pas droit à ce statut.

« Je souhaite qu’on accueille mieux ceux qui peuvent demander asile, qu’on accélère les délais administratifs, qui sont inhumains et inefficaces, avoir des programmes d’intégration à la langue, au logement, au travail et qu’on soit aussi beaucoup plus rigoureux dans la reconduite aux frontières de ceux qui n’ont pas droit à cette procédure. »

Enfin, le président a annoncé une augmentation de 10 millions d’euros des concours de la France au HCR et à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), notamment pour appuyer leurs actions en Libye pour une protection des personnes « au plus près des zones de conflit ».

« L’Europe doit construire un espace commun de protection et de solidarité en créant un office européen de l’asile et un programme commun d’intégration et de formation des réfugiés », a répété M. Macron. Mais cette promesse n’est pas la première s’agissant de l’accueil de réfugiés. La France s’était déjà engagée à en réinstaller 10 375, seuls 2 800 l’ont été.