Plusieurs centaines de personnes ont à nouveau défilé, lundi 9 octobre, à Nairobi pour réclamer le rejet d’un amendement qui limiterait la possibilité pour la Cour suprême kényane d’invalider le résultat des élections, alors que le bilan des violences post-électorales du mois d’août a officiellement été porté à au moins 37 morts.

Le président Uhuru Kenyatta a été réélu le 8 août, mais le scrutin a été invalidé par la Cour suprême en raison d’irrégularités et une nouvelle consultation doit avoir lieu le 26 octobre. L’opposition, emmenée par son candidat Raila Odinga, menace de la boycotter si certains membres de la Commission électorale, qui a validé les résultats du 8 août, ne sont pas remplacés. « Nous vivons dans un pays démocratique. Si je décide de ne pas participer à un processus électoral truqué au préalable, c’est mon droit démocratique. Aucun tribunal ne peut m’obliger à le faire », a déclaré Raila Odinga à la télévision.

« Une déclaration de guerre »

Lundi, les manifestants ont aussi demandé à la majorité parlementaire de rejeter un projet d’amendement du Code électoral qui limiterait la capacité de la Cour suprême à prononcer la nullité du scrutin en cas de non-respect des procédures. « Si le Parlement adopte la loi demain [mardi 10 novembre], ce sera une déclaration de guerre au peuple kényan », a estimé le sénateur James Orengo, un élu de l’opposition.

La police a tiré en l’air et lancé des grenades lacrymogènes contre les manifestants qui tentaient de marcher vers le siège de la Commission électorale à Nairobi. Elle a également fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser un rassemblement à Kisumu, fief de Raila Odinga, tandis qu’une autre manifestation s’est déroulée dans le calme à Mombasa.

Dans le même temps, la Commission kényane des droits de l’homme a rendu son rapport sur les violences post-électorales, qui ont fait, selon elle, au moins 37 morts pendant les trois jours qui ont suivi le scrutin présidentiel du 8 août. Il s’agit du bilan humain le plus lourd avancé jusqu’à présent et la Commission, un organisme public, impute plusieurs de ces décès à la police, qui a tiré à balles réelles sur les manifestants. Parmi les victimes figurent trois enfants âgés de 6 mois à 7 ans.