Le président turc Recep Tayyip Erdogan le 8 octobre. / AP

La mission diplomatique américaine en Turquie, puis la mission turque à Washington, ont annoncé dimanche 8 octobre qu’elles réduisaient chacune vis-à-vis de l’autre leurs services de visas, dans le but de « réévaluer » leurs engagements respectifs vis-à-vis de la sécurité de leurs personnels.

La semaine dernière, un employé du consulat des Etats-Unis à Istanbul a été arrêté parce qu’il était soupçonné par les autorités turques d’être en relation avec Fethullah Gülen, le religieux exilé aux Etats-Unis que la Turquie considère comme responsable du coup d’Etat manqué de juillet 2016.

Cette décision a été condamnée par Washington qui la considère comme sans fondement et dommageable pour deux pays qui sont alliés au sein de l’Otan. « Les récents événements ont contraint le gouvernement des Etats-Unis à réexaminer l’engagement du gouvernement turc en ce qui concerne la sécurité des missions et du personnel américains », lit-on dans le communiqué de la mission américaine à Ankara. « Dans le but de réduire au maximum le nombre de visiteurs à notre ambassade et dans nos consulats pendant que cette évaluation est en cours, nous avons suspendu, avec effet immédiat, tous les services de visas ne concernant pas l’immigration dans tous les sites diplomatiques en Turquie. »

50 000 personnes arrêtées

L’ambassade de Turquie à Washington a suivi l’exemple des Etats-Unis et a produit pratiquement le même communiqué, en remplaçant seulement le nom des pays.

Selon l’agence de presse turque Anatolie, l’employé arrêté est un ressortissant turc. Il a été arrêté mercredi soir. Il est accusé d’espionnage et d’avoir voulu porter atteinte à l’ordre constitutionnel de la Turquie et à son gouvernement.

Plus de 50 000 personnes ont été arrêtées depuis le coup d’Etat manqué de juillet 2016 en Turquie et 150 000 personnes, professeurs, universitaires et juristes, ont été suspendues de leurs fonctions.

La Turquie a demandé en vain aux Etats-Unis l’extradition de Fethullah Gülen pour le putsch manqué qui a fait plus de 240 morts. Le prédicateur religieux nie toute participation.

Le gouvernement turc n’apprécie pas non plus le soutien de Washington aux combattants kurdes des milices YPG en Syrie, qu’il considère comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une insurrection depuis plus de 30 ans dans le Sud-Est turc à majorité kurde.