Jeroen Dijsselbloem, le 25 septembre, à Athènes. / Petros Giannakouris / AP

Le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem l’a annoncé lui-même, lundi 9 octobre au soir, à la fin de l’Eurogroupe : il ira bien jusqu’à la fin de son second mandat de président de ce club des ministres des finances de la zone euro, en janvier 2018. Et ce, même s’il perd son maroquin ministériel dans les jours qui viennent, son parti, le PvdA (social-démocrate), laminé aux législatives de mars, ne devant pas faire partie de la nouvelle majorité qui va se mettre en place dans les prochains jours à La Haye.

Les collègues de M. Dijsselbloem à Bruxelles n’ont pas protesté, alors qu’une règle non écrite voulait jusqu’à présent que le président de l’Eurogroupe fût un ministre en exercice : quel intérêt auraient-ils à chercher un successeur pour trois mois d’intérim ? Par ailleurs, le nom du successeur de M. Dijsselbloem au gouvernement « Rutte 3 », du nom du premier ministre libéral Mark Rutte, ne sera connu que dans deux semaines : les responsables néerlandais préféraient que l’un des leurs conserve le plus longtemps possible une fonction de si haut niveau à Bruxelles.

Une présidence équilibrée

M. Dijsselbloem, 51 ans, aura été parrainé jusqu’au bout par l’Allemand Wolfgang Schäuble, qui voyait en lui un de ses disciples, favorable à une politique stricte d’assainissement budgétaire et sceptique à l’égard des projets français sur une plus grande intégration des pays de la zone euro. Comme son mentor, M. Dijsselbloem n’est pas séduit par l’idée d’un budget spécifique pour cette zone, ni par l’émission d’eurobonds ou la nomination d’un ministre de l’Eurogroupe à temps plein.

Personnage de second rang dans son pays, le Néerlandais laissera pourtant le souvenir d’une présidence équilibrée : il a réussi à apaiser les tensions autour du dossier grec, en sachant de temps en temps résister à la ligne très dure des Allemands.

Son bail de cinq ans aura toutefois aussi été marqué par la polémique qu’il a déclenchée en mars avec ses propos hasardeux sur les pays du Sud qui dépenseraient leur argent « en schnaps et en femmes »… Des propos qu’il a mis sur le compte de la fatigue et qu’il a dit regretter, soulignant toutefois que la solidarité entre Européens ne peut pas être « illimitée et inconditionnelle ». Mais que n’ont pas digéré les dirigeants du Sud. Le premier ministre portugais Antonio Costa fut l’un des plus virulents, traitant M. Dijsselbloem de « raciste » et de « xénophobe ». Seul l’engagement de son collègue de parti, Frans Timmermans, le premier vice-président de la Commission, lui aura permis de se sortir de ce mauvais pas.

Un poste qui pourrait prendre de l’envergure

Le départ programmé de M. Dijsselbloem inaugure le début des grandes manœuvres pour un des principaux postes de pouvoir à Bruxelles. Un poste qui pourrait prendre de l’envergure, la France souhaitant que le président de l’Eurogroupe cumule aussi les prérogatives de « super ministre des finances » de l’Union monétaire. Parmi les candidats potentiels reviennent souvent les noms de l’Espagnol Luis de Guindos, du Slovaque Peter Kazimir, du Luxembourgeois Pierre Gramegna ou du Français Bruno Le Maire, même si aucun ne s’est officiellement déclaré.

La bataille promet d’être rude : la gauche social-démocrate européenne, en perte de vitesse, espère toujours imposer l’un de siens, pour éviter qu’un conservateur occupe aussi cette fonction alors que des membres du PPE (Parti populaire européen) cumulent déjà la tête de la Commission, du Conseil et du Parlement européens.