Le gardien et capitaine des Bleus, Hugo Lloris, le 7 octobre. / FRANCK FIFE / AFP

Hugo Lloris ne se réjouit guère de recroiser la route de la Biélorussie. Il faut dire que la modeste sélection slave (77e au classement FIFA), que les Bleus affrontent, mardi 10 octobre, au Stade de France, lors de l’ultime match qualificatif pour la Coupe du monde 2018, n’a jamais vraiment réussi à leur chevronné gardien (93 sélections depuis 2008). Avec Adil Rami, Blaise Matuidi et sa doublure Steve Mandanda, le portier de 30 ans est l’un des rares rescapés du fiasco du 3 septembre 2010. Ce jour-là, à Saint-Denis, les Tricolores du sélectionneur Laurent Blanc s’étaient inclinés (1-0) contre la « Sbornaya », en match qualificatif à l’Euro 2012.

En septembre 2013, dans l’atmosphère électrique du stade de Gomel, Lloris et ses partenaires s’étaient, certes, imposés (4-2) face à la Biélorussie, sur la route du Mondial brésilien de 2014. Pour sa 50e sélection, le capitaine des Bleus s’était toutefois « troué » à deux reprises, obligeant ses coéquipiers à s’arracher pour rapporter les trois points. Plus récemment, en septembre 2016, l’équipe de France avait été neutralisée (0-0) à la Borisov Arena. Un piètre souvenir.

Cette fois, Lloris et consorts ne devront pas flancher face aux Slaves, hors course dans le cadre des éliminatoires. En cas de victoire, les Bleus valideraient directement leur ticket pour la Russie, pays hôte du prochain tournoi planétaire, quel que soit le résultat de la rencontre opposant la Suède, dauphine des Bleus à un point, aux Pays-Bas. « Le danger, c’est de croire que c’est fait », a prévenu Lloris pour tempérer l’excès de confiance de ses coéquipiers avant la réception des Biélorusses à Saint-Denis.

Un gardien remis en selle

Samedi 7 octobre, sous le ciel pluvieux de Sofia, le gardien du club londonien de Tottenham a parfaitement joué son rôle de taulier lors du précieux succès (1-0) obtenu au terme d’une rencontre que d’aucuns ont qualifié de sinistre « purge ». Auteur d’un arrêt mal négocié, Lloris s’est d’emblée repris en détournant, sur sa ligne, la tête à bout portant de Georgi Kostadinov.

Cette parade réflexe a remis en selle le Niçois, en fâcheuse posture depuis sa fameuse « cagade » du 9 juin, contre la Suède, à la Friends Arena de Solna, dans la banlieue de Stockholm. Sa mauvaise relance dans l’axe avait scellé la défaite (2-1) des Tricolores face aux Blagult. Sonné par le scénario de la rencontre, le sélectionneur Didier Deschamps avait commenté la bourde fatale de son capitaine sur un ton aigre-doux. « C’est un scénario catastrophe. Je ne vais pas accabler Hugo. Il a souvent été décisif. Là, il a préféré contrôler. S’il dégage le ballon loin et devant, il n’y a pas ce qui se passe à l’arrière. Mais ça, il le sait. Il sait que c’est de sa faute. Ça nous coûte la défaite », avait lâché le technicien.

Depuis cette sortie de route en Suède, Lloris a renoué avec une forme d’autorité rassurante. On l’a vu mobiliser ses coéquipiers avant la large victoire (4-0) des Tricolores, le 31 août, contre les Pays-Bas. Un constat s’impose : les saisons passent et le gardien se sent de plus en plus à l’aise dans son rôle de capitaine en sélection. Relais essentiel dans son groupe et pare-feu médiatique, le très réservé Lloris avait hérité officiellement du brassard, en février 2012, avant une rencontre amicale en Allemagne.

« Il présente le plus de garanties dans ce rôle de capitaine »

« Ce n’est pas un choix par défaut. Il présente le plus de garanties dans ce rôle », expliquait alors Laurent Blanc, heureux de se reposer sur un cadre droit et mesuré pour chasser les fantômes de la grève de Knysna. Quatre mois après le fiasco du Mondial sud-africain de 2010, il avait déjà confié le capitanat au jeune Lloris, alors âgé de 23 ans, le 17 novembre 2010, lors de la victoire (2-1) en amical des Bleus contre l’Angleterre, à Wembley.

« Très honnêtement, je ne l’imaginais pas, à ses débuts, avoir les qualités pour devenir capitaine, confiait dans nos colonnes l’ex-défenseur des Bleus William Gallas, ex-partenaire de Lloris à Tottenham. Mais c’est un gardien très à l’écoute, fort mentalement. Sa discrétion permet à ses coéquipiers de se concentrer. Il sait aussi hausser le ton à la mi-temps. »

En juillet 2012, la nomination de Didier Deschamps à la place de Laurent Blanc n’a pas modifié le statut du discret et policé Lloris, enclin à aligner les poncifs d’une voix monocorde lors des conférences de presse. Son discours est rodé, sans soupir ni mot de travers. Très performant lors de l’Euro 2016, disputé dans l’Hexagone, le gardien s’impose comme un communicant appliqué, rompu à l’exercice, et protège ses partenaires jusqu’à la défaite (1-0 en prolongations) en finale contre le Portugal.

Formé à l’OGC Nice, l’ex-portier de l’Olympique lyonnais (2008-2012) a, en outre, battu le record de sélections (87) détenu dans les cages par son prédécesseur Fabien Barthez et le nombre de matchs disputés par Didier Deschamps (54) avec le brassard tricolore. Et si les Bleus compostaient leur ticket pour le prochain tournoi planétaire, Lloris disputerait, en Russie, son troisième Mondial et sa cinquième phase finale d’une compétition avec l’équipe de France. Cela passe par un succès et une solide prestation du gardien, désireux de conjurer sa malédiction face à la Biélorussie.