Altametris, filiale de SNCF Réseau, s’est spécialisée dans le drone de maintenance pour voie ferrée. Quinze appareils surveillent, scannent et numérisent le réseau français pour en optimiser la maintenance. / BORIS HORVAT / AFP

Rendez-vous des professionnels français du transport de voyageurs, les Rencontres nationales du transport public se tiennent à Marseille jusqu’au 12 octobre. Elles sont, pour les fournisseurs de solutions et de matériel de transport, start-up, opérateurs majeurs comme la SNCF, Transdev ou la RATP, l’occasion de rencontrer leurs clients : collectivités locales, élus…

L’édition 2017 se déroule dans un contexte de bouleversement des mobilités lié à deux évolutions majeures : transformation numérique et transition écologique. Dans les allées du Salon, cette révolution se voit nettement à la quantité de bus électriques – chinois, français ou espagnols – exposés. Mais, c’est aussi à travers des innovations plus discrètes mais finalement assez spectaculaires que l’on peut en prendre la mesure.

  • Mes billets dans le smartphone

Chez les professionnels, cela s’appelle le « plan book ticket » (planifier, acheter, valider). Pour les usagers des lignes de bus, de tram ou de métro, cela consiste à mettre fin au billet matériel ou à la carte de transport pour l’intégrer au smartphone, l’objet devenant aussi un moyen d’anticiper et d’acheter son voyage à l’unité comme en abonnement mensuel.

Tous les opérateurs et la plupart des autorités organisatrices de transport travaillent à ce changement. La présidente d’Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, patronne LR de la région, a annoncé que le passe Navigo pourrait être intégré aux smartphones de ses utilisateurs en 2018. La solution est actuellement en phase de test.

Nombreuses sont les start-up à proposer leur solution, mais ce sont surtout les acteurs de poids qui avancent à grands pas. Ainsi, l’opérateur Keolis, qui appartient à la SNCF, a confié à sa filiale numérique Kisio, le soin de mettre en place un système en collaboration avec la start-up française Famoco qui a conçu un valideur adapté à un coût maîtrisé. Une expérimentation est en cours à Orléans, où le système sera bientôt généralisé.

RATP Dev, société qui gère les opérations de la régie des transports parisiens hors Ile-de-France, a testé avec succès un programme similaire nommé Tickizz à Annemasse (Haute-Savoie). Tickizz va être étendu à une demi-douzaine de petites villes françaises en 2018.

Dans tous les cas, le système est à peu près le même. On télécharge une application qui permet d’acheter classiquement un voyage ou un abonnement en fournissant ses informations bancaires ou en payant directement par carte. Le paiement génère un titre de transport virtuel que vous stockez dans l’application.

Quand vous prenez votre bus, vous activez le billet, un peu comme si vous le poinçonniez numériquement. Cela génère à la fois une visualisation colorée (et animée pour éviter les fraudes à la capture d’écran) destinée à être montrée au chauffeur de bus ainsi qu’un code graphique (dit QR code) qui change toutes les deux secondes et que le contrôleur scannera avec son propre smartphone.

Plusieurs méthodes existent pour décourager les petits malins qui seraient tentés de valider leur ticket en voyant arriver les équipes de contrôle. Chez certains opérateurs, comme Keolis, on tient d’ailleurs à conserver le geste de validation qui évite ce type de fraude opportuniste.

  • Le SMS pour acheter un ticket

Toutes ces solutions de « plan book ticket » sont liées à la possession d’un smartphone et à la nécessité d’être, au moins pour la partie paiement, connecté à Internet. Mais une start-up française va plus loin dans la billettique mobile. Atsuké, créée en 2012 et basée à Paris, a inventé un système de ticket à l’unité par SMS d’utilisation simplissime quant au geste d’achat et au paiement.

Avant de monter dans le bus ou le métro, vous envoyez un code par SMS à un numéro surtaxé, qui vous renvoie un message en retour qui va vous tenir lieu de ticket. Le paiement est intégré à la facture téléphonique. Atsuké se charge de tous les transferts de paiement entre opérateur télécom et opérateur de transport.

Le système fonctionne en France depuis cet hiver 2017 dans les transports de l’agglomération de Rouen et représente déjà 20 % des tickets de transport vendus à l’unité dans la capitale normande, soit 600 000 tickets par mois. Il est implanté depuis plusieurs années en Suisse, en particulier à Genève, où il a conquis 40 % des acheteurs de billets à l’unité du système de transport.

  • Le vélo à hydrogène

A l’heure de la transition énergétique, la mobilité douce ou active est de plus en plus intégrée aux politiques de transport. On connaît les flottes de vélos en libre-service des grandes villes, comme Vélib à Paris. Elles ont tendance à s’électrifier, ce qui permet aux utilisateurs d’envisager des trajets plus longs et plus fréquents.

Dans cette veine, une PME de Biarritz, Pragma Industries, a développé avec la société savoyarde Atawey, un engin appelé Alpha. C’est un vélo à hydrogène, c’est-à-dire à propulsion électrique mais fonctionnant par l’intermédiaire d’une pile à combustible, elle-même alimentée par 35 grammes d’hydrogène liquide. Les avantages : une recharge quasi-instantanée (environ 30 secondes) et une autonomie très importante pour un vélo électrique (plus de 100 kilomètres), sans les problèmes associés aux vélos à batterie (temps de recharge, difficultés du recyclage des batteries).

L’inconvénient majeur : le prix. L’Alpha, d’aspect massif mais au poids comparable à celui d’un vélo à batterie (27 kilos), doit être associé à une infrastructure de recharge qui coûte de 34 000 euros (trois vélos) à 75 000 euros (vingt vélos), sachant que chaque Alpha coûte 7 500 euros. Quelques dizaines d’engins ont été vendus à ce jour, en particulier dans le département de la Manche qui est relativement actif dans le développement de ce mode zéro émission, au pays Basque et en Savoie.

  • Le garage à vélos malin

En ville, le développement du vélo se heurte à la difficulté pour les habitants des immeubles anciens en zone dense de garer leurs bicyclettes : pas de place dans les sous-sols et espaces communs, appartements exigus ou encombrés. Une petite société de la Loire, Altinnova, spécialisée dans le développement des matériels de parking vélo, a créé un abri sécurisé destiné au résidentiel.

L’innovation ne met pas en œuvre de la haute technologie, mais l’idée est futée. Un demi-tube en tôle, permettant d’accrocher à l’intérieur une demi-douzaine de vélos, est doté d’une ouverture façon volet roulant qui se ferme à clef. Transportable par petite grue ou chariot élévateur, l’abri peut être installé par les mairies ou collectivités locales au pied des immeubles. Les cyclistes résidents possèdent la clé et y cadenassent leur vélo. Détail important : l’abri est fabriqué en France, près de Saint-Etienne.

  • Le drone de maintenance

Ringarde la SNCF ? Pas en matière de drones en tout cas. SNCF Réseau, l’établissement chargé de l’infrastructure ferroviaire, est le premier utilisateur industriel en France de ces engins volants. L’entreprise a même créé une filiale spécifique, Altametris, qui développe cette activité et qui est actuellement en pleine expansion, même si ses effectifs restent modestes : 25 personnes aujourd’hui, 40 en 2018.

Altametris, qui réalise 20 % de son activité en dehors de la SNCF, s’est spécialisée dans le drone de maintenance pour voie ferrée. Quinze appareils surveillent, scannent et numérisent le réseau français pour en optimiser la maintenance, du petit drone de quelques centimètres qui va aller prendre des photos du fil caténaire au drone avion capable d’inspecter trente kilomètres de voie d’affilée, en passant par le « gros-porteur » de 25 kilos transportant des appareils de mesure sophistiqués. Les drones – et toute l’activité de traitement des données allant avec – servent à repérer les dangers dans une paroi rocheuse surmontant la voie, analysent la topographie dans le cadre d’une création de ligne ou repèrent les intrusions sur les voies.

  • Le robot copain des voyageurs

Fin novembre, les personnes se rendant dans les agences de Bibus, le réseau de transport public de l’agglomération de Brest, auront la surprise de découvrir Heasy. Ce robot vaguement humanoïde, de la taille d’un petit adulte, capable de déplacements autonomes grâce à ses capteurs, aidera les usagers à patienter en attendant leur tour.

L’expérimentation, qui dure du 21 novembre à la fin de l’année 2017, permettra aux Brestois de tester les fonctionnalités d’Heasy : doté d’un grand écran interactif, il apporte des informations sur la tarification, les lignes, l’actualité du réseau.

Développé par la start-up lyonnaise Hease Robotics, Heasy sera aussi un objet d’amusement dans la salle d’attente. En cherchant bien dans ses menus, on peut trouver les moyens de l’attendrir, de le faire rire en le chatouillant mais aussi de l’agacer, voire de le mettre très en colère, lorsqu’on fait de, façon insistante, des manœuvres déconseillées.