Harvey Weinstein, le 23 novembre 2011 au siège de sa compagnie, à New York. / John Carucci / AP

L’ancien roi d’Hollywood est devenu paria. Le monde du cinéma a commencé, mercredi 11 octobre, à tourner le dos au producteur américain Harvey Weinstein, accusé de viols par trois actrices et d’agressions sexuelles par de nombreuses autres femmes depuis les années 1990.

« Ce comportement impardonnable ne peut susciter qu’une condamnation nette et sans appel », ont estimé mercredi 11 octobre les dirigeants du Festival de Cannes. Pierre Lescure et Thierry Frémaux, président et délégué général du plus prestigieux festival de cinéma du monde, disent avoir découvert « avec consternation » les accusations contre ce « professionnel du cinéma dont l’activité et la réussite sont connues de tous, qui lui valent de séjourner à Cannes depuis de nombreuses années et d’avoir de nombreux films sélectionnés au Festival international du film dont il est une figure familière ».

« Notre pensée va aux victimes, à celles qui ont eu le courage de témoigner et à toutes les autres. Puisse cette affaire contribuer à dénoncer une nouvelle fois des pratiques graves et inacceptables. »

Quelques heures plus tôt, l’Académie du cinéma britannique (Bafta) avait annoncé la suspension, en tant que membre, d’Harvey Weinstein, en raison du comportement « inacceptable » du producteur hollywoodien de 65 ans. Le « comportement présumé » d’Harvey Weinstein est « totalement inacceptable et incompatible avec les valeurs de Bafta », et « n’a absolument pas sa place dans notre industrie », souligne le texte.

Accusations de viol

Le producteur, l’un des plus puissants d’Hollywood, a été licencié dimanche par sa propre maison de production, The Weinstein Company, trois jours après la publication dans le New York Times d’une enquête révélant une série d’accusations de harcèlement sexuel à son encontre. Mira Sorvino, Rosanna Arquette, Gwyneth Paltrow, Angelina Jolie, Emma de Caunes et Judith Godrèche ont ainsi décrit des avances sexuelles insistantes formulées par le puissant producteur, souvent dans une chambre d’hôtel, alors qu’il n’était vêtu que d’un peignoir, voire nu.

Trois femmes ont également accusé de viol le magnat hollywoodien dans un article du magazine The New Yorker : la star italienne Asia Argento, l’actrice Lucia Evans et une autre femme restée anonyme.

« Toutes les accusations de relations sexuelles non consenties sont réfutées par M. Weinstein », a réagi Sallie Hofmeister, sa porte-parole, dans une déclaration transmise à plusieurs médias américains. La femme du producteur, Georgina Chapman, a annoncé mardi leur séparation.