Au siège de Kobe Steel à Tokyo, au Japon, le 10 octobre. / ISSEI KATO / REUTERS

Six constructeurs d’automobiles japonais ont été destinataires de produits en aluminium ou cuivre dont le sidérurgiste nippon Kobe Steel a reconnu avoir falsifié les caractéristiques techniques, a affirmé mercredi le quotidien japonais Nikkei.

Pour le deuxième jour consécutif, l’action a plongé de 17 % mercredi matin à la Bourse de Tokyo, après déjà une chute de 22 % la veille.

Outre le numéro un nippon du secteur, Toyota, qui a déjà annoncé avoir utilisé de l’aluminium de Kobe Steel dans des véhicules produits dans l’une de ses usines au Japon, seraient concernés Nissan, Honda, Mitsubishi Motors, Subaru et Mazda.

D’après le Nikkei, ces groupes ont été invités par le ministère des Transports à procéder rapidement à des vérifications, notamment pour voir si des rappels s’avèrent nécessaires.

Dix ans de fraude

Lors d’une conférence de presse ce week-end, un vice-président de Kobe Steel, Naoto Umehara, a avoué que des données relatives à des produits en aluminium et cuivre avaient été falsifiées de façon « systématique » pour améliorer les caractéristiques de certains produits, une pratique qui pourrait remonter à une dizaine d’années et n’a pu se faire, a-t-il dit, sans que des directeurs n’aient été au courant.

L’enquête menée par Kobe Steel révèle, qu’à l’heure actuelle, les spécifications techniques ont été maquillées pour environ 19 300 tonnes de produits en aluminium, 2 200 tonnes de produits en cuivre et 19 400 unités en aluminium moulé et forgé qui ont été expédiées aux clients entre septembre 2016 et août 2017.

Les marchandises dont les caractéristiques ont été trafiquées ont été livrées à quelque 200 entreprises. En plus des constructeurs d’automobiles, de très nombreux industriels et produits sont concernés.

Avions, fusées, transport ferroviaire

Sont fréquemment cités l’avion régional MRJ (exemplaires d’essais) de Mitsubishi Heavy Industries (MHI), la fusée H-2A, également fabriquée par MHI, des pièces destinées à des avions Boeing, des équipements de défense fabriqués par MHI, Kawasaki Heavy Industries, IHI et Subaru, des équipements de transport ferroviaire pour les compagnies japonaises ou encore divers produits de fabricant de climatiseurs Daikin et de Panasonic.

Le groupe a, selon le Nikkei, d’ores et déjà décidé des mesures de restructuration pour limiter les dégâts de ce scandale sur ses comptes. Il est prêt, affirme mercredi le quotidien, à vendre son activité immobilière.

Cette affaire est la énième d’une série qui touche les entreprises nippones ces derniers temps : les plus retentissantes concernent Olympus puis Toshiba (falsifications de comptes sur plusieurs années), Takata (camouflage de défauts d’airbags ayant entraîné la faillite de l’entreprise) ou encore Nissan qui a été forcé récemment d’annoncer le rappel de 1,2 million de véhicules au Japon parce que les contrôles finaux ont été effectués par des personnes non habilitées.