Cela faisait longtemps que le siège des Républicains n’avait vu défiler autant de sourires soulagés. Mercredi 11 octobre, quatre candidats sont venus tour à tour y déposer les parrainages nécessaires, soit au moins treize parlementaires et 2 347 adhérents à jour de leurs cotisations, pour se présenter à la présidence du parti.

Après moult rappels à l’ordre – par affiches, courriels et même textos personnalisés – des instances dirigeantes aux militants démobilisés par les débâcles à la présidentielle et aux législatives, ces derniers ont fini par s’intéresser à l’élection interne, permettant au moins à leur parti de sauver les apparences en évitant une campagne « Wauquiez contre Wauquiez ».

Si leurs parrainages sont validés par la Haute Autorité, Florence Portelli, Daniel Fasquelle et Maël de Calan affronteront donc Laurent Wauquiez dans la course à la présidence du parti. Scrutin prévu les 10 et 17 décembre.

Laurent Wauquiez, le favori sarkozyste

Laurent Wauquiez, le 3 septembre. / BRUNO AMSELLEM / DIVERGENCE POUR LE MONDE

Après les abandons de Xavier Bertrand (président de la région Hauts-de-France) et de Valérie Pécresse (présidente de la région Ile-de-France), Laurent Wauquiez était l’unique ténor des Républicains à afficher l’ambition de prendre la tête du parti. Le président de la région Auvergne - Rhône-Alpes, 42 ans, se prépare à cette élection depuis 2014.

A force d’être désigné grand favori, il a failli être seul sur la ligne de départ. Une épine dans la légitimité de son potentiel leadership qu’il a voulu éviter à tout prix, appelant notamment les militants à parrainer le député du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle.

S’il est populaire parmi les militants, comptant 20 500 parrainages auprès d’eux (et 135 de parlementaires), M. Wauquiez devra toutefois relever le défi du rassemblement. Sa ligne identitaire divise, au point que Mme Pécresse l’accuse de porosité avec le Front national et que certains menacent de quitter le navire LR s’il en tient le gouvernail.

Le candidat a fait un premier pas vers l’aile modérée en faisant de Virginie Calmels sa numéro deux : sous sa direction, la première adjointe au maire de Bordeaux, Alain Juppé, serait vice-présidente des Républicains.

Ce binôme rend, toutefois, nombre de cadres dubitatifs, les uns dénonçant un manque de sincérité du stratège Wauquiez, les autres l’installation d’un flou dans la ligne « vraiment de droite » affichée par le favori.

Florence Portelli, la challengeuse, ex-porte-parole de François Fillon

Florence Portelli, le 9 mai 2017. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Comme pour marquer sa place de challengeuse, Florence Portelli est la première à avoir déposé ses parrainages au siège du parti, mercredi matin. Plus de 5 000 parrainages militants et seize parlementaires : « Ça va rabattre le caquet aux condescendants », a-t-elle lancé, pleine de défi contre les cadres qui voyaient en elle « une petite candidature de témoignage ».

La maire de Taverny, dans le Val-d’Oise, est « habituée aux combats compliqués », selon ses propres termes, elle, qui a soutenu François Fillon du premier jour de la campagne au premier tour de l’élection présidentielle, malgré les sondages et les affaires.

A 39 ans, Mme Portelli n’a pas l’intention de se faire oublier dans le débat où sa repartie ne manquera pas de réveiller une campagne annoncée jouée d’avance. Si elle se présente comme une élue de terrain sans compromission possible avec l’extrême droite, elle n’est pas une modérée : elle exige ainsi un contrôle « renforcé » sur l’immigration et réclame, depuis des mois, l’exclusion définitive de LR des Constructifs, qui soutiennent le gouvernement.

Quant à l’héritage Fillon, elle l’assume et l’amende. Moins Sens commun que lui, elle a boycotté le rassemblement du Trocadéro pendant la campagne, mais elle est anti-PMA (procréation médicalement assistée). Au programme dont elle était la porte-parole, elle ajoute désormais un discours sur la « fracture sociale et territoriale » et un volet culturel : « Comment peut-on parler identité sans parler culture ? » Un tacle à… M. Wauquiez, qui a réduit drastiquement le budget culture de sa région.

Maël de Calan, le benjamin juppéiste

Maël de Calan, le 30 mai. / FRED TANNEAU / AFP

« Le parti est très malade, pour guérir, il faut un vrai débat démocratique sur ce qui nous rassemble… et ce qui nous sépare. » Maël de Calan, 37 ans, vingt-trois soutiens parlementaires et plus de 3 000 adhérents, est le candidat le plus éloigné de la ligne Wauquiez. Européiste, libéral sur l’économie, conservateur modéré sur le plan sociétal… il est la caution « droite modérée » de la campagne interne, dans laquelle les retraits de Mme Pécresse et de M. Bertrand lui ont laissé un espace politique au centre droit.

Adoubé par Alain Juppé, dont il a été le porte-parole durant la campagne de la primaire de la droite et du centre, Maël de Calan se décrit comme « la seule alternative » à la ligne du favori, renvoyant les autres candidats sur une même échelle plus ou moins droitière.

En interne, certains critiquent son appétit et des relations parfois floues avec les Constructifs, ou même la majorité. « Une droite ouverte pour réformer avec Macron », pouvait-on lire sur ses affiches électorales, dans la quatrième circonscription du Finistère, qui ne portaient pas non plus le logo LR. Il a finalement été battu au second tour par une candidate de La République en marche (LRM).

Daniel Fasquelle, le sarkozyste de l’ombre

Daniel Fasquelle le 26 août. / Jean Claude Coutausse / French Politics pour Le Monde

Avec ses près de 3 000 parrainages militants et vingt-deux parlementaires, Daniel Fasquelle refuse que l’élection soit jouée d’avance : « D’autant que les militants vont seulement commencer à s’y intéresser. »

A 54 ans, celui qui était devenu, en 2014, le trésorier de l’UMP, après la victoire à la présidence du parti de Nicolas Sarkozy, brigue la présidence de LR et compte bien « jouer [sa] carte », à savoir celle du rassemblement. Et sans ambition présidentielle, puisqu’il affirme que l’élection du président ne « peut pas être le choix d’une ligne politique ».

S’il est élu, le député du Pas-de-Calais s’engage à remettre son mandat en jeu après deux ans et demi. Le temps nécessaire, selon lui, pour rafistoler « la machine » sur laquelle le futur candidat à la présidentielle de 2022 pourra s’appuyer.