L’application Twitter sur un téléphone portable, en avril. / MATT ROURKE / AP

Après avoir suspendu durant douze heures le compte de l’actrice Rose McGowan, l’une des premières actrices à avoir dénoncé les violences sexuelles du producteur Harvey Weinstein, Twitter fait à nouveau l’objet de très vives critiques de la part d’utilisateurs dans le monde entier. Le réseau social a expliqué mercredi soir que le compte avait été bloqué pour avoir publié un numéro de téléphone d’une tierce personne ; ce qui est interdit par les règles de l’entreprise.

Mais cette explication n’a pas satisfait, tant s’en faut, les très nombreuses personnes critiquant la modération du réseau social, déjà épinglé à de multiples reprises pour ses manquements dans la lutte contre le harcèlement. Alors que le PDG de Twitter, Jack Dorsey, estimait hier soir que l’entreprise devait faire preuve de davantage de « transparence », les critiques répondent unanimement que le problème réside en réalité dans les règles de Twitter, et non dans la manière dont l’entreprise les explique.

Symbole du cœur du problème, les explications de Twitter sur le cas du compte de Rose McGowan : alors que Twitter ne s’exprime d’ordinaire jamais sur les « cas individuels », l’entreprise a expliqué avoir suspendu le compte pour contraindre l’actrice à effacer le tweet considéré comme litigieux. Le fait que Twitter se refuse à supprimer lui-même les messages ne respectant pas ses conditions d’utilisation est dénoncé depuis longtemps comme un problème majeur dans sa modération. Sur Facebook ou YouTube, les modérateurs ont le choix entre de nombreuses options, allant de la suppression d’un message à l’effacement du compte en passant par la suspension temporaire.

Mouvement de boycottage

Mais Twitter, qui défend une approche extrêmement large de la liberté d’expression, se refuse à supprimer lui-même des messages – ce qui limite ses capacités de modération et aboutit à un système de sanctions contre-productif. A ce problème s’ajoute celui d’une modération « à plusieurs vitesses » – dans les réponses aux explications de Twitter, une multitude d’utilisatrices et d’utilisateurs expliquent avoir signalé à de nombreuses reprises des messages révélant leur numéro de téléphone personnel sans qu’aucune mesure ne soit prise.

En protestation, des utilisatrices du réseau social ont lancé ne campagne de boycottage du réseau social pour la journée de vendredi 13 octobre, derrière le mot-clé #WomenBoycottTwitter, soutenu par plusieurs actrices, dont Alyssa Milano et Anna Paquin. Un mouvement qui a aussi reçu son lot de critiques, qui soulignent qu’une journée de silence n’est pas nécessairement le meilleur moyen de dénoncer un système de modération qui contraint les femmes victimes de harcèlement à se taire.