Le sénateur George Weah, star du football, et le vice-président Joseph Boakai, les deux favoris de la présidentielle au Liberia, étaient en tête des premiers résultats partiels annoncés jeudi 12 octobre par la Commission électorale.

Mais, 48 heures après le vote, ces premiers résultats ne permettaient pas de déterminer si l’un des deux pourrait succéder dès le premier tour de scrutin à Ellen Johnson Sirleaf, première cheffe d’Etat en Afrique, a estimé la Commission électorale nationale (NEC), réitérant ses appels à la patience et au calme.

Dans la province de la capitale, Monrovia, qui concentre près de 40 % des quelque 2,1 millions d’électeurs du pays et où il a été élu sénateur en 2014, sur seulement 14,8 % de bulletins dépouillés, George Weah obtenait plus de 50 %, contre 26,6 % à Joseph Boakai.

Parmi les provinces les plus peuplées de ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, l’ancien footballeur était crédité d’une légère avance sur le vice-président dans celle de Bong (nord-est de Monrovia) et Margibi (est), tous deux devançant largement les autres candidats, sur respectivement 48 et 28 % des suffrages.

Contestations

Après le chef des observateurs de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’ancien président ghanéen John Dramani Mahama, la mission d’observateurs de l’Union européenne a constaté certains problèmes d’organisation, qui ont parfois conduit « des gens à quitter le bureau sans avoir voté », a affirmé la chef de cette mission, la Belge Maria Arena.

L’ensemble des observateurs exhortent les candidats à porter tout contentieux devant la justice. La Cour suprême a déclaré cette semaine qu’elle siégerait pendant la période post-électorale pour examiner d’éventuels recours.

D’éventuelles contestations pourraient notamment venir de l’avocat et vétéran de la politique Charles Brumskine ou d’Alexander Cummings, ancien dirigeant de Coca-Cola pour l’Afrique, entre lesquels devrait se jouer la troisième place, selon les experts, et qui espèrent se qualifier pour un second tour.

Le parti de M. Brumskine s’est dit « profondément troublé par la découverte de nombreuses irrégularités » pendant le scrutin, appelant la commission électorale à différer toute annonce de résultats, menaçant de saisir la justice dans le cas contraire.

« Tenue pacifique du scrutin » selon l’ONU

Après les Etats-Unis, historiquement liés à la plus ancienne république d’Afrique, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « salué la tenue pacifique du scrutin » et félicité les Libériens pour s’être rendus aux urnes « en grand nombre et avec enthousiasme ».

Mardi, la présidente sortante, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats de six ans, a estimé que le Liberia était « prêt pour la transition », la première d’un dirigeant élu à un autre dans ce pays « depuis trois générations ».

Mme Sirleaf, prix Nobel de la paix 2011, avait déjà appelé lundi les Libériens à mesurer « le chemin parcouru » depuis la guerre civile qui a fait quelque 250.000 morts entre 1989 et 2003.

Le pays a ensuite connu une stagnation économique entre 2014 et 2016, frappé par l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest et la chute des cours des matières premières.