Selon certains députés LRM favorables à une suppression des allocations pour les hauts revenus, la fin de l’universalité pourrait représenter une économie de 440 millions d’euros. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

Un débat sur l’universalité des allocations familiales « aura lieu, mais pas dans le cadre de la discussion budgétaire » a déclaré la présidente La République en marche (LRM) de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, Brigitte Bourguignon, dans un entretien au Parisien publié vendredi 13 octobre.

Le groupe des députés La République en marche avait décidé jeudi soir de ne pas soutenir la fin de l’universalité des allocations familiales que proposait une de ses membres à l’occasion de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale.

Mme Bourguignon a rappelé que la commission des affaires sociales « avait décidé fin septembre de lancer une mission d’information sur les perspectives de la politique familiale dans sa globalité ». Une idée partagée par le gouvernement : Agnès Buzyn, ministre de la santé, « avec le Parlement et l’ensemble des acteurs » une réflexion « sur la politique familiale en général, et sur les allocations familiales au service de cette politique ».

Le premier ministre, Edouard Philippe, lui a emboîté le pas et s’est engagé mercredi à mener un « vrai bon débat » sur une possible remise en cause de « l’universalité » des allocations familiales.

Mais à droite comme à gauche le débat est déjà lancé. Christian Jacob, président du groupe Les Républicains (LR) à l’Assemblée, a jugé que c’était « vraiment une faute gravissime que d’aller s’attaquer à notre politique familiale ». Ségolène Royal (Parti socialiste – PS) a également estimé qu’il fallait « maintenir l’universalité de la politique familiale », évoquant le « risque de frapper une nouvelle fois les catégories moyennes ». Vendredi, Laurent Berger, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), a tenu à rappeler « l’attachement » du syndicat au principe d’universalité.

Il ne « s’agit pas de dire l’universalité ou non »

« Il n’y aura pas d’amendement dans le cadre du projet de budget de la Sécurité sociale, mais cette réflexion est importante », a dit, pour sa part, Olivier Véran, rapporteur LRM du projet de budget de la Sécurité sociale. « De fait, le débat est ouvert (…) il y a une attente sociétale », a-t-il déclaré sur RMC.

Mais le député n’a pas dissimulé son opinion favorable à une suppression des allocations familiales pour les hauts revenus. « Je l’ai déjà dit, à titre personnel, que j’étais d’accord pour qu’un couple qui perçoit plus de 8 000 euros et qui a encore 32,40 euros d’allocations par mois ne les perçoive plus », a-t-il expliqué. « Mais c’est une vision très partielle » de la question « beaucoup plus importante » de la politique familiale, a-t-il ajouté.

« Il y a eu du boulot qui a été fait dans le mandat précédent en matière de politique familiale, on peut encore progresser, on peut toujours progresser, et surtout s’interroger (…) Je crois qu’il y a à peu près 20 prestations famille qui sont versées, différentes. Personne ne s’y retrouve. (…) C’est tout ça qu’il faut être capable d’analyser, dans un ensemble. Il s’agit pas de dire l’universalité ou non. »

Olivier Véran avait estimé à la fin de septembre que la suppression des allocations familiales « pour les plus hauts revenus représenterait une économie d’environ 440 millions d’euros par an ».