Tony Yoka met au supplice Travis Clark le 2 juin 2017. / MARTIN BUREAU / AFP

A peine un round et demi et des débuts trop faciles pour être excitants. Malgré un début de carrière à la communication ultramaîtrisée, l’équipe qui entoure Tony Yoka n’a pas réussi à éviter les moqueries après le combat face au premier boxeur rencontré en juin par le champion olympique français. Il faut dire qu’avec son crâne rasé, ses tatouages voyants, sa dégaine de videur de boîte de nuit et son inexpérience malgré ses 38 ans, l’Américain Travis Clark pouvait difficilement jouer les terreurs du ring.

L’enjeu du deuxième combat professionnel de Tony Yoka, samedi 14 octobre à partir de 21 heures au Zénith de Paris, réside donc dans ce dilemme : concilier la construction progressive de sa carrière avec une montée en gamme nécessaire dans l’adversité. C’est un autre Américain qui va s’y coller cette fois-ci : Jonathan Rice, 30 ans, un passé modeste de joueur de basket et de foot américain, d’acteur confidentiel de séries télé et même d’agent immobilier.

Tony Yoka vs Travis Clark KO (FULL HD)
Durée : 01:02

Pas le profil d’un cador mais au moins plus l’apparence d’un boxeur grâce à un physique plus que correct de 1,96 m pour 125 kg. « Rice est numéro 98, moi je suis 140e mondial. C’est un grand bon dans le classement, puisque Clark était classé 300e. Il faut y aller “step by step” [pas à pas]. C’est un gros frappeur. Il n’a que deux défaites en dix combats et jamais par K.-O.. On passe à un autre niveau », explique Tony Yoka, rencontré cette semaine à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), à l’issue de son entraînement ouvert à la presse.

« Quelle légitimité j’aurais à demander un combat à Joshua ? »

Plus affûté que jamais, il a perdu de la graisse, pris du muscle et pèse 109 kg au lieu de 104 kg lors de son titre olympique, Tony Yoka n’hésite pas à faire de la pédagogie « au grand public », qui, selon lui, « ne connaît pas la boxe en France » : « Il faut expliquer aux gens. Une carrière, ça ne se fait pas du jour au lendemain. C’est comme si un milliardaire rachetait un club de foot en CFA [championnat de France amateur qui s’appelle National 2 désormais]. Il faut d’abord monter en National, puis en Ligue 2, en Ligue 1 avant de jouer la Ligue des champions et d’espérer la gagner. »

Le poids lourd répond avec aisance aux critiques et leur accorde même une vertu : « Quelle légitimité j’aurais à demander un combat à Joshua ? [le champion du monde et star de la catégorie]. Les Fédérations internationales me diraient “Tu te moques de nous. Entre déjà dans le top 10 et on verra…” Le côté positif, c’est que cette attente montre que tout le monde veut me voir en haut de l’affiche, affronter de tels adversaires. »

Mais Tony Yoka, qui devrait négocier sans trembler ce deuxième rendez-vous, n’a pas l’intention d’affronter ad vitam aeternam des adversaires de second rang. En conséquence, il remontera une nouvelle fois sur le ring au cours du mois de décembre. Et l’an prochain, il prévoit entre cinq et six combats, dont quelques-uns aux Etats-Unis : « Je travaille beaucoup à San Francisco [il s’entraîne en Californie sous la houlette de Virgil Hunter]. J’ai envie de monter rapidement au classement. » Tony Yoka doit montrer qu’il a les moyens de ses ambitions pour devenir, à terme, champion du monde.