En moins d’une journée d’opérations militaires, les forces irakiennes ont rempli, lundi 16 octobre à la mi-journée, une partie des objectifs qu’elles s’étaient fixés dans la province pétrolifère de Kirkouk, que se disputent le gouvernement fédéral de Bagdad et la région autonome du Kurdistan irakien.

Après l’expiration d’un ultimatum fixé par Bagdad, dimanche à minuit, l’armée irakienne a repris des routes et des infrastructures de la province de Kirkouk, parmi lesquelles un des six champs pétroliers, ainsi qu’une base et un aéroport militaires. Les forces fédérales sont même entrées dans la ville de Kirkouk, où elles décrochaient des drapeaux kurdes des bâtiments et des postes de contrôle pour les remplacer par des drapeaux irakiens, comme l’ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse.

Trois semaines après la tenue du référendum d’indépendance kurde, le premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, avait ordonné, dans la nuit de dimanche à lundi, à l’armée, à la police fédérale et aux forces antiterroristes de « sécuriser » les bases militaires, les installations fédérales et les champs pétroliers de la province de Kirkouk, sous contrôle kurde depuis 2014.

Les Kurdes divisés face à Bagdad

A l’exception de quelques échanges de tirs et accrochages, la progression des forces de Bagdad a été facilitée par le retrait des positions qu’ils contrôlaient des peshmergas alliés à l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) — parti rival du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), du président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, à l’initiative du référendum du 25 septembre. Un responsable de la santé kurde a toutefois fait état de dix peshmergas tués.

Des milliers d’habitants ont fui lundi les quartiers kurdes de Kirkouk pour se diriger vers Erbil et Souleimaniyeh, les deux principales villes du Kurdistan, dont le gouvernement est en conflit ouvert avec le pouvoir central de Bagdad.

Dans un communiqué, les peshmergas ont réagi à ces pertes de territoire, disant que le gouvernement irakien allait « payer cher » cette opération « de guerre contre le peuple du Kurdistan ». Ils accusent par ailleurs une partie de l’UPK d’avoir « trahi » en aidant les forces irakiennes.

Une branche de l’UPK est en effet réputée plus proche du camp chiite et se montre plus conciliante envers Bagdad à propos de Kirkouk. Le premier ministre irakien, Haïdar Al-Abadi, avait appelé les combattants kurdes à se ranger sous la bannière des forces armées irakiennes et à servir les autorités fédérales.

« Eviter une escalade »

Le contrôle de Kirkouk, ville riche en pétrole, est au cœur du contentieux entre les autorités de Bagdad et celles du Kurdistan autonome. En 2014, à la faveur de la déroute de l’armée irakienne dans le nord du pays occasionnée par la chute de Mossoul, aux mains de l’organisation Etat islamique, des factions kurdes avaient pu s’emparer des champs pétroliers et des infrastructures militaires encore tenues par les forces fédérales.

Ces dernières semaines, les tensions entre les deux pouvoirs se sont accrues en raison du référendum d’autodétermination, à la fin de septembre, dans la région autonome du Kurdistan irakien, où le oui l’a emporté avec 92,73 % des suffrages et un taux de participation de 72,16 %. Un scrutin rejeté par le pouvoir central de Bagdad.

Face à cette tension qui monte entre les deux gouvernements, la coalition internationale, emmenée par les Etats-Unis, a exhorté lundi les deux parties à « éviter une escalade ».

« Nous continuons de pousser au dialogue les autorités irakiennes et kurdes. Toutes les parties doivent rester concentrées sur la lutte contre notre ennemi commun, l’EI (acronyme de l’organisation Etat islamique), en Irak. »