L’essentiel

  • Plus d’un mois après la décision historique de la Cour suprême du Kenya d’annuler l’élection présidentielle du 8 août en raison d’« irrégularités », la situation se tend dans le pays alors qu’un nouveau scrutin doit avoir lieu le 26 octobre.
  • L’une des principales responsables de la Commission électorale au Kenya (IEBC, Independent Electoral and Boundaries Commission) – institution chargé d’organiser les élections –, Roselyn Akombe, a démissionné de son poste, mercredi 18 octobre. Elle estime que l’élection organisée le 26 octobre est une « parodie ».
  • Raila Odinga, le leader de l’opposition au président réélu lors du scrutin finalement annulé, Uhuru Kenyatta, avait déjà annoncé son retrait de l’élection, mais le doute plane encore quant à sa candidature.

La citation

« Il faut que la Commission fasse preuve de courage et affirme que l’élection telle qu’elle est prévue ne répond pas aux attentes d’un scrutin crédible. »

En annonçant sa démission de l’IEBC dans un communiqué, Mme Akombe accuse longuement la Commission dont elle était membre. Pour Mme Akombe, cette élection ne peut pas être crédible alors que le personnel n’a pas été correctement formé, faute de temps, aux procédures retenues pour ce nouveau scrutin.

Depuis l’annulation de l’élection présidentielle du 1er août par la Cour suprême, la Commission électorale est au centre des critiques. Les magistrats ont tancé l’IEBC en jugeant que l’élection – remportée par le président sortant, M. Kenyatta (54,27 % des voix) –, n’était « ni transparente, ni vérifiable ». Or, pour Mme Akombe, « il y a une très forte probabilité que certaines des erreurs commises par des scrutateurs lors de la précédente élection se répètent ».

L’opposant Raila Odinga sera-t-il candidat ?

Le doute plane encore sur une éventuelle candidature du leader de l’opposition, Raila Odinga. Il avait annoncé le 10 octobre qu’il ne participerait pas au vote, estimant que son retrait devait entraîner l’annulation du scrutin du 26 octobre. Il demande également une réforme en profondeur de l’IEBC, dont l’éviction de plusieurs de ses responsables.

Mais M. Odinga refuse pour l’instant de remplir les documents de la Commission électorale pour officialiser son retrait. Et dimanche, à Mombasa, le leader de l’opposition a participé à son premier meeting depuis plusieurs semaines, entretenant le flou sur ses intentions.

Le chiffre

40

C’est le nombre de personnes mortes depuis l’élection présidentielle du 8 août – annulée par la Cour suprême au début de septembre. La plupart ont été victimes de la répression brutale des manifestations par la police, selon les organisations de défense des droits humains.

Depuis trois semaines, la National Super Alliance (NASA) – coalition d’opposition – organise une série de rassemblements pour réclamer une réforme de la Commission électorale. Mais ces manifestations ont le plus souvent été réprimées par la police, après que le gouvernement a décidé de les interdire à Nairobi, la capitale, Mombasa (grande ville portuaire du sud du pays) et Kisumu (dans l’ouest). Après la mort de trois manifestants en quatre jours, l’opposition a décidé de suspendre ces rassemblements pour « honorer leur mémoire ».