Des manifestants dressent des barricades dans une rue de Lomé, capitale du Togo, le 18 octobre 2017. / YANICK FOLLY / AFP

Au moins quatre personnes ont été tuées par balle mercredi 18 octobre au cours d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre dans les deux principales villes du Togo, a déclaré le ministre de la sécurité, Yark Damehame.

Trois des victimes se trouvaient à Sokodé, deuxième ville du Togo, a-t-il affirmé dans un point presse, ajoutant que les violences avaient également fait « un mort et plusieurs blessés par balle » dans la capitale. « Les forces de l’ordre ne sont pas les seules à détenir des armes, donc il est difficile de dire qui a tiré », a-t-il ajouté.

Marches interdites

L’opposition, qui avait appelé à manifester, fait état de « deux morts, dont un élève de 11 ans » et « au moins 20 blessés graves » dans la seule ville de Lomé. La situation reste très tendue, les deux villes étant quadrillées par un impressionnant dispositif mis en place par les forces de sécurité. La semaine dernière, le gouvernement avait interdit les marches pendant les jours de semaine.

Des manifestants ont dressé des barricades de fortune, et les boutiques sont restées fermées mercredi dans plusieurs quartiers de la capitale. La police a notamment fait usage à de nombreuses reprises de tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène à Bé, secteur historique de l’opposition, d’où devaient partir les marches visant à demander la démission du président Faure Gnassingbé, héritier d’une famille au pouvoir depuis cinquante ans.

Un imam arrêté

L’arrestation d’un imam proche des opposants du Parti national panafricain (PNP), lundi, a mis le feu aux poudres. Yark Damehame avait justifié cette décision sur les ondes de Radio Victoire en affirmant que « dans ses prêches, [Alpha Alassane] appelle ses fidèles à la violence et à la haine ». Des actes de violence avaient alors éclaté dans la soirée. A Sokodé, fief du PNP, deux adolescents ont été tués et deux soldats lynchés par la foule mardi.

Le PNP s’est allié à 13 autres partis de l’opposition pour demander le retour à la Constitution de 1992, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, et la démission du président Faure Gnassingbé, élu en 2005 dans un climat de violence. Le pays est agité par cette contestation depuis août. Douze personnes, dont une majorité d’adolescents, ont été tuées en à peine deux mois.

Le gouvernement a assuré qu’il soumettrait son projet de réforme au peuple « d’ici à la fin de l’année », par voie de référendum. Mais l’opposition rejette le texte en bloc : la limitation prévue par le gouvernement n’est pas rétroactive et permettrait au président de se représenter en 2020 et en 2025.