Le président français, Emmanuel Macron, s’exprime devant les représentants des forces de sécurité, à l’Elysée, le 18 octobre 2017. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Attentats déjoués, loi antiterroriste, plan national contre la propagande djihadiste… lors de son discours sur la sécurité devant les policiers et gendarmes, mercredi 18 octobre, Emmanuel Macron a tenu un discours sur sa politique de sécurité face à quelque 500 représentants des forces de l’ordre, sur fond de menace terroriste persistante et de grogne policière.

  • Une police de sécurité du quotidien expérimentée début 2018

Cette police est censée renforcer le lien avec les citoyens. Le chef de l’Etat a assuré que celle-ci « n’est pas le retour à la police de proximité » instaurée par Lionel Jospin puis supprimée par Nicolas Sarkozy, qui assurait également des missions de prévention. Par ailleurs, il ne souhaite pas d’unités spécialisées dans les commissariats. Le chef de l’Etat n’a pas donné plus de détails sur les missions et le rôle de cette « police de sécurité du quotidien » (PSQ), mais a précisé qu’une concertation débuterait dès lundi. Préfets, gendarmes, policiers, chercheurs devraient se réunir en groupes de travail durant ces deux prochains mois, et le dispositif devrait être expérimenté pour le début de 2018 dans une quinzaine de sites. Plusieurs villes se sont déjà portées candidates : Lille, Lens, Roubaix, Toulouse, ou encore Aulnay-sous-Bois.

  • Un nouveau plan national contre la radicalisation

Un comité interministériel doit se réunir mercredi pour « arrêter un nouveau plan national » contre la radicalisation, en dressant une « liste des territoires » qui feront l’objet d’une surveillance spécifique.

« Des plans d’action seront établis par les préfets dans leur département », impliquant « de nombreux autres services de l’Etat » pour « prévenir les menaces et mettre en place des organisations pour identifier les comportements les plus à risques », en coopération « étroite avec les magistrats », a précisé le président de la République.

  • Simplifier et raccourcir les procédures d’asile

Ce sera l’un des objectifs du projet de loi attendu début 2018, qui prévoyait dans sa première mouture un doublement à quatre-vingt-dix jours de la durée de rétention pour les étrangers en situation irrégulière. Emmanuel Macron a souhaité mercredi que « nous reconduisions de manière intraitable » les étrangers n’ayant « pas de titre » de séjour, tout en accueillant « de manière exigeante et conforme à nos valeurs » les réfugiés et personnes en règle.

« Nous accueillons mal, nous avons des procédures trop longues, nous intégrons approximativement et nous ne reconduisions plus », a affirmé le président. Il souhaite donc que les délais administratifs et ceux de l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) soient « drastiquement réduits » pour la procédure de demande d’asile.

  • Répondre aux menaces visant policiers et gendarmes

Le chef de l’Etat souhaite « durcir » la réponse aux menaces « lâches et intolérables » visant les policiers et les gendarmes, a-t-il dit dans son discours mercredi aux forces de sécurité intérieure.

« Aux menaces et mises en cause physiques sont venues récemment s’ajouter des mises en cause indirectes » de leurs proches, a déploré le président de la République. « Je souhaite que nous puissions aller plus loin » que le droit à l’anonymat inscrit dans la loi, « pour durcir nos outils de réponse face à ces comportements lâches et intolérables », a-t-il ajouté.

  • Un projet de loi antiterroriste « pleinement satisfaisant »

Le président a annoncé qu’il ne soumettrait pas lui-même au Conseil constitutionnel la nouvelle loi antiterroriste, qui doit se substituer au 1er novembre à l’état d’urgence en vigueur depuis novembre 2015. Celle-ci a été adoptée mercredi par un ultime vote du Sénat.

« Je ne prendrai pas la décision de déférer cette loi devant le Conseil constitutionnel []. La qualité du travail a permis d’aboutir à un texte pleinement satisfaisant », a estimé le chef de l’Etat, en rendant hommage au travail parlementaire lors de son discours sur la sécurité devant les policiers et gendarmes.

Ce texte, controversé, renforce les pouvoirs de l’autorité administrative – préfets, ministre de l’intérieur – pour assigner quelqu’un (non plus à résidence, mais dans un périmètre correspondant au minimum à la commune), réaliser des perquisitions, fermer un lieu de culte ou faire des contrôles d’identité près des frontières. Le tout sans autorisation judiciaire, perquisitions exceptées.