Vendredi soir, Tariq Ramadan n’avait pas encore réagi aux accusations d’Henda Ayari. / JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

L’islamologue et théologien suisse Tariq Ramadan est visé par une plainte « pour des faits criminels de viol, d’agressions sexuelles, de violences volontaires, de harcèlement et d’intimidation ». Cette plainte a été déposée auprès du parquet de Rouen par Henda Ayari, 40 ans, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, et qui est aujourd’hui présidente de l’association Libératrices.

Elle a déclaré vendredi sur sa page Facebook avoir été « victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années » mais n’avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part ».

Dans son livre J’ai choisi d’être libre, paru en novembre 2016 chez Flammarion, elle a décrit cet homme sous le nom de Zoubeyr, narrant un rendez-vous dans sa chambre d’hôtel à Paris, où cet intellectuel musulman venait de donner une conférence.

Libération de la parole

« Par pudeur, je ne donnerai pas ici de détails précis sur les actes qu’il m’a fait subir. Il suffit de savoir qu’il a très largement profité de ma faiblesse », avait écrit Henda Ayari, assurant que quand elle s’est « rebellée », qu’elle lui a « crié d’arrêter », il l’a « insultée », « giflée » et « violentée ». « Je le confirme aujourd’hui, le fameux Zoubeyr, c’est bien Tariq Ramadan » , écrit Henda Ayari sur Facebook.

Selon Jonas Haddad, l’un de ses conseils, « Henda Ayari n’avait pas envie de communiquer sur ce sujet, par peur. Avec la libération de la parole à laquelle on assiste depuis quelques jours, elle a décidé de dire ce qu’elle a subi et d’en tirer les conséquences judiciaires ».

Tariq Ramadan n’a pas réagi. Ce petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, âgé de 55 ans, est professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford (Grande-Bretagne). Relativement populaire auprès d’une partie des fidèles musulmans, il est aussi très contesté, notamment dans les milieux laïques, qui voient en lui le tenant d’un islam politique.