Documentaire sur Arte à 23 h 00

L’époque yéyé, entre 1962 et 1966, reste un mythe dans la musique. Elle s’inscrit dans l’histoire de France pour la génération de l’après-guerre qui, en s’appropriant le rock’n’roll venu d’Amérique, a préparé, sans le savoir, la révolution de Mai 68. « C’était une révolution douce et sans violence qui a libéré la France », soulignent Didier Varrod et Michel Royer, dans leur documentaire, qui, à partir d’archives et de témoignages des principaux acteurs de cette époque (Dick ­Rivers, le photographe Jean-Marie Périer, Hugues Aufray, etc.), nous offre une plongée rafraîchissante dans un monde insouciant et plein de promesses. « C’était la première fois que la culture ado prenait le pouvoir en France », ­expliquent les deux auteurs.

Le début des années 1960, c’est l’époque du baby-boom et du plein-emploi. Mais aussi celle des parents autoritaires et du général de Gaulle, qui ne comprend pas les aspirations de cette jeunesse tumultueuse. C’est surtout la fin de la guerre d’Algérie, qui a traumatisé toute cette génération.

L’époque du Golf-Drouot

D’un coup, elle a voulu tourner la page en libérant les esprits et les désirs. Imitant les mélodies (parfois sirupeuses) d’Elvis Presley, de nouveaux chanteurs ont fait leur apparition sur les scènes qui voulaient bien les accueillir, comme le Golf-Drouot, à Paris. On y retrouvait Johnny Hallyday, Dick ­Rivers et Les Chats sauvages, Eddy Mitchell et Les Chaussettes noires, Jacques Dutronc, Sheila…

Ils ont fait les beaux jours du magazine Salut les copains, créé par Daniel Filipacchi et Frank ­Ténot (plus d’un million d’exemplaires par semaine), et de l’émission du même nom sur Europe n° 1. « Pour la première fois, les chanteurs avaient le même âge que leur ­public », témoigne le ­journaliste Jean-Pierre Pasqualini.

Les Yéyés ( 1962 - 1966 ) sur Arte - Sylvie Vartan
Durée : 02:43

L’apothéose a eu lieu le 22 juin 1963 place de la Nation, à Paris, où entre 150 000 et 200 000 jeunes se sont retrouvés pour fêter le premier ­anniversaire du magazine. Sur scène, Johnny Hallyday, Sylvie ­Vartan, ­Richard Anthony et Les Chats sauvages se sont succédé dans une ambiance électrique. Quelques jours plus tard, dans une chronique publiée dans Le Monde, le sociologue ­Edgar Morin analysait cette flambée de liberté et baptisait ces ­jeunes du nom de « yéyés ».

Yéyé Révolution, de Didier Varrod et Michel Royer (Fr., 2010, 53 min).