Pierre Joxe, Gilbert Cuzou, Christophe Arend… Dans la foulée de l’appel #balancetonporc, visant à dénoncer harcèlement et agressions sexuelles, la parole se libère aussi dans le monde politique. Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, candidat à l’élection présidentielle de 2017, est rattrapé par une série d’accusations.

Julia Castanier, la directrice de la communication du Parti communiste, l’accuse de lui avoir « mis une main aux fesses (...) lorsqu’elle avait 25 ans », elle était alors attachée parlementaire.

Dans La République des Pyrénées, l’entourage de l’ancien candidat a tenté d’expliquer qu’« il appartient à une génération où une main sur l’épaule ou une main sur la hanche relève plus de l’amitié que de la perversité ».

Dans Sud-Ouest, le député assure : « Je ne connais pas cette dame. Je ne me souviens pas de cet épisode. Je suis quelqu’un de truculent, de tactile, mais je sais faire la différence entre une main sur un bras, que je reconnais poser aussi bien sur les hommes que sur les femmes, et une main au cul, je m’en souviendrais ! » Céline Alleaume, qui assurait la communication du candidat pendant l’élection présidentielle de 2017, reprend cet argument : « Il est très tactile et cela peut choquer ceux qui ne sont pas du Sud-Ouest. »

Drague lourde

Pourtant, Karine Berger, députée (PS) des Hautes-Alpes, raconte à Mediapart : « C’est de la drague lourde, il est très insistant », ajoutant : « Jean Lassalle, c’est le député le plus gluant. Il est vraiment très spécial avec les femmes. » Une ancienne élue socialiste, Colette Capedevielle, rapporte qu’il lui a proposé de se doucher avec dans lui les douches mixtes de l’Assemblée.

Mis en cause par une journaliste

L’élu est aussi mis en cause par Mie Kohiyama. La journaliste, aujourd’hui à l’AFP, raconte à Mediapart comment, lors d’un voyage à Osaka, en 2007, il avait tenté de l’embrasser sans son consentement. « Maintenant je le sais, c’était une tentative d’agression sexuelle », dit-elle.

« Face aux témoignages corroborés de plusieurs femmes, Jean Lassalle s’en tire avec l’esquive. Le déni. L’oubli. Et cet état de fait contribue à valoriser le fameux “cela n’était pas si grave” qu’il faut combattre dans notre société si nous souhaitons vraiment un changement de comportement dans les attitudes sexistes », écrit la journaliste dans une tribune au JDD.

Dans Sud-Ouest, le député déclare : « Je reconnais un mal-être au niveau de certaines femmes qui ont été abusées. Je respecte leur colère. Mais je n’ai jamais essayé de leur faire du mal. Je déplore simplement la vitesse à laquelle nous nous transformons en Américains avec cette judiciarisation de tout. Pour l’heure, je n’ai pas l’intention de porter plainte pour diffamation. »

M. Lassalle ne se rend peut-être pas compte que la société est train de franchir un cap. « C’est tout un modèle de société qui est aujourd’hui dénoncé, un modèle un peu latin, un manque de respect qui place toujours la femme en situation d’infériorité », résume Colette Capdevielle dans Sud-Ouest.