Série sur Netflix à la demande

MINDHUNTER | Official Trailer [HD] | Netflix
Durée : 02:09

En cette fin des années 1970, l’expression « serial killer » n’existe pas encore. Lors d’une enquête criminelle, la procédure suppose que l’on s’appuie sur les faits matériels pour y déceler la motivation d’un possible assassin. Mais l’Académie du FBI, à Quantico (Virginie), où se forment ses agents spéciaux, a d’ores et déjà créé une unité de sciences du comportement, où s’amorce l’analyse des profils de meurtriers multirécidivistes : ces personnalités très particulières dont on ne parvient pas à comprendre comment ni pourquoi elles en viennent à perpétrer d’atroces assassinats à répétition.

Inspirée par un vrai agent du FBI

La série Mindhunter, disponible sur Netflix, s’inspire du livre ­Mindhunter, Inside the FBI’s Elite Serial Crime Unit, dans lequel ­l’ancien agent spécial John E. Douglas, en collaboration avec l’auteur de films et de livres Mark Olshaker, raconte son travail au sein de l’unité de sciences du comportement du FBI.

Publié en 1995, cet ouvrage vient d’être réédité en France sous le ­titre Mindhunter, dans la tête d’un profileur (Michel Lafon). Cetémoignage a inspiré le personnage ou les avatars de Jack Crawford dans de nombreux films et séries, du ­Silence des agneaux à Hannibal.

Dans Mindhunter, l’agent John E. Douglas y devient le personnage de fiction Holden Ford (Jonathan Groff), qui, avec son collègue Bill Tench (Holt McCallany), s’engage dans une nouvelle voie : rencontrer et enregistrer le témoignage de grands tueurs en série du pays déjà emprisonnés, pour apprendre à « entrer dans leur tête », cerner leur personnalité et leurs modes opératoires, déceler ce qu’ils peuvent avoir en commun, et amorcer une réponse à la grande question qu’ils se posent : naît-on criminel, ou le devient-on ?

Une interrogation iconoclaste pour l’époque, beaucoup préférant penser que toute société comporte quelques « mauvaises graines » nées criminelles – rien ne justifiant, en conséquence, de s’intéresser à la psychologie de ces monstres… « Mais comment arrêter les meurtriers fous si on ne sait pas comment ils pensent ? », ­réfutent les deux partenaires du FBI à leur hiérarchie, opposée, au ­départ, à leur projet.

Créée par Joe Penhall (auteur de théâtre, scénariste pour le cinéma et la télévision), réalisée, pour ses deux premiers et deux derniers épisodes, par David Fincher, Mindhunter s’avère passionnante avant tout grâce à ses deux premiers épisodes : tant pour sa mise en scène, son montage, son humour sous-jacent que pour la somme d’interrogations qui se fait jour en cette fin des années 1970, période post-guerre du ­Vietnam, post-Watergate, mais aussi post-« Summer of Love ».

MINDHUNTER | Trailer 2 | Netflix
Durée : 01:06

Avec, en filigrane, au fil des longues heures que passent ensemble ces nouveaux Sherlock Holmes et Docteur Watson, un grand doute sur ce qu’est la masculinité. Celle des grands criminels mais aussi de tout un chacun – notamment lorsque, comme souvent ici, le père se révèle être un grand absent.

Ce duo d’agents est secondé par une figure féminine : l’universitaire Wendy Carr (Anna Torv). Celle-ci retrouve, dans l’étude des psychopathes menée par les deux agents du FBI, une image des dirigeants des plus importantes entreprises du pays : de grands manipulateurs, qui ne se prêtent donc pas à l’étude qu’elle entend mener. Des « tueurs » qui se cachent derrière le masque de la normalité…

Mindhunter, série créée par Joe Penhall. Avec Jonathan Groff, Holt McCallany, Anna Torv (EU, 2017, 10 × 50 min.).